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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

fille d’un cocher. Si je n’avais pas connu cet échantillon des mœurs rustiques, je croirais que les nombreuses figures de jeunes femmes qui, dans les romans de Zola, représentent la pure animalité, la pure incarnation de l’instinct sexuel (la Mouquette dans Germinal, etc.) ne correspondent à aucune réalité et sont un pur symbole poétique. Mais Yévdochka était bien un exemplaire de cette collection. À toute heure de la journée et de la nuit (excepté peut-être pendant le sommeil), elle ne pensait qu’à l’acte sexuel. Comme une chienne en chaleur, elle rôdait partout où elle avait la chance de rencontrer un mâle isolé et se livrait indifféremment à tout le monde, aux enfants comme aux vieillards. On l’accusait d’actes de bestialité. Une fois, mon cousin et moi, nous la rencontrâmes avec une amie de son âge, dans un fourré de broussailles. Les deux fillettes relevèrent leurs jupes et nous montrèrent leurs vulves, en écartant les jambes et en nous invitant, par des paroles et des gestes, au coït. Mais mon cousin me dit qu’on pouvait, avec Yévdochka, attraper une maladie et nous résistâmes à la tentation. Je ne sais pas si l’appréhension de mon cousin était fondée : tous les jeunes gens du village coïtaient Yévdochka et, pourtant, je n’ai pas entendu dire qu’ils soient tombés malades.

Un matin, avant le lever du soleil, mon cousin me conduisit dans une salle des communs, une espèce de hangar, où dormaient les jeunes ouvrières. C’était au cœur de l’été ; comme il faisait très chaud, les jeunes filles étaient couchées tout simplement en chemise sur des paillasses jetées par terre, sans se couvrir même de draps de lit. Elles étaient une vingtaine et dormaient profondément, comme on dort lorsqu’on est jeune, plein de santé et après s’être livré, pendant la journée, à de durs labeurs physiques. Les chemises de la plupart d’entre elles s’étaient relevées ou dérangées pendant le sommeil et l’on voyait les cuisses nues, les ventres nus. Quelques-unes étaient couchées sur le dos, les jambes écartées. Nous pouvions examiner à notre aise les vulves brunes à la fente rosée, les monts de Vénus poilus. Il y avait des toisons génitales de différentes couleurs. Je