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APPENDICE

pouvait infliger non seulement de petites amendes et quelques journées de détention, mais aussi la fustigation souvent très cruelle, qui jugeait les menus délits de paysans et les menus différends entre les gens du village. Les décisions de ce tribunal improvisé de simple police n’étaient du reste guidées par aucune loi écrite : comme en Orient, on s’en remettait à l’inspiration des juges, inspiration qui était souvent influencée par des offrandes sous forme de seaux (vedro) d’eau-de-vie de la part des plaignants ou des défendeurs. Le volostnoï soud de notre village prit à cœur l’infortune du jeune homme. Les jeunes filles coupables (il y en avait plus d’une vingtaine,) furent mandées par devant les juges qui prononcèrent la sentence suivante : chacune des coupables devait être introduite isolément et l’une après l’autre dans la salle communale où se tenaient les juges et le plaignant et, après avoir mis la main dans le pantalon de celui-ci et s’être assurée qu’il avait deux testicules et non un seul, recevoir sur les fesses deux claques de la main du dit plaignant. Ainsi fut fait. La salle communale était pleine de monde, on introduisait successivement les jeunes filles et après les avoir obligées à mettre la main dans la braguette du plaignant, on leur demandait : « A-t-il deux testicules ou un seul ? » Force était bien à la jeune fille de répondre : « il en a deux ». Après quoi on la menait vers le chef du tribunal (volostnoï starchina) qui était assis sur un banc, le dos appuyé au mur, et faisant face au public. On disait à la jeune fille de se baisser et l’on mettait sa tête sur les genoux du juge, comme dans le jeu de main chaude. En même temps on lui relevait le jupon par derrière, découvrant ainsi, par suite de la posture de la patiente, non seulement ses fesses, mais aussi, entre celles-ci, « ses charmes », comme on disait au xviiie siècle. Le derrière était, du reste, tourné vers le public. Alors le jeune homme calomnié appliquait sur les robustes rotondités deux claques retentissantes. C’est de la bouche des acteurs même de la comédie que j’en ai recueilli tous les détails.

Dans la très nombreuse domesticité de mon oncle, il y avait une fillette de 13 à 14 ans, du nom de Yévdochka (diminutif d’Eudoxie),