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APPENDICE

la plaisanterie comme le reste du public. J’ai dit déjà que les jeunes filles et les jouvenceaux (paroubki) se baignaient tout nus très près les uns des autres. Quelquefois les garçons amenaient avec eux des chevaux qu’ils baignaient et j’ai vu plus d’une fois un de ces baigneurs, tout nu, collant son ventre et ses parties sexuelles sur la croupe de l’animal et mimant les mouvements du coït et cela en présence des jeunes filles, également nues, qui l’appelaient cochon, mais que cette pantomime amusait énormément. On m’a même dit d’un garçon de 19 ans que, dans une de ces scènes coutumières, il avait réellement coïté une cavale pendant que les jeunes filles le regardaient faire, en l’injuriant, mais restant là jusqu’à la fin de l’acte. Dans la cuisine noire (c’est ainsi qu’on appelle en Russie la cuisine où l’on prépare les repas des domestiques ou des ouvriers) j’ai vu souvent des jeunes hommes lutter, par manière de jeu et de plaisanterie, avec des jeunes filles. Quand un jeune homme parvenait à renverser et à coucher une jeune fille par terre, il ne manquait jamais de se coucher à plat ventre sur la lutteuse vaincue (sans, toutefois, se déboutonner) et d’imiter, en riant, les postures et les mouvements de la copulation. Les enfants présents à ces scènes s’esclaffaient, comprenant bien le symbolisme du simulacre. On m’a raconté que parfois, dans les banquets de cette cuisine, les jours de fête, quand on était échauffé par l’eau-de-vie distribuée à titre gracieux par le maître ou par les intendants (pour le paysan russe une fête n’est pas une fête sans abondantes libations d’eau-de-vie de grains), les hommes se permettaient des tours plus pendables. Ils saisissaient inopinément et par derrière quelque belle fille, l’arrachaient du banc où elle était assise, la renversaient et la tenaient pendant quelque temps la tête en bas et les jambes gigotant en l’air. Comme les femmes du peuple, ainsi que je l’ai dit, ne portent pas en Russie de pantalon, tout le monde pouvait ainsi repaître sa vue des charmes les plus secrets de la victime. Et la victime ne gardait pas longtemps rancune à ses bourreaux, tellement les mœurs étaient grossières.