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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

se laissaient coïter le plus volontiers du monde. Avec mon cousin et d’autres jeunes gens, j’allais les voir se baigner dans le fleuve. J’échangeais avec elles des propos à double sens. Du reste, elles riaient toujours aux éclats quand elles entendaient une obscénité. Une fois nous traversions avec mon cousin une salle où une magnifique fille de 17 ou 18 ans, véritable incarnation de la force et de la santé, les joues rouges comme des pivoines, les seins pointant en avant, lavait le plancher, pliée en deux et plantée sur deux jambes écartées, massives comme des colonnes et dont on voyait la blancheur, car les jupons étaient retroussés plus haut que les genoux. Sans perdre un instant, mon cousin s’approcha de la fille par derrière et lui saisit fortement, sous la jupe, l’organe sexuel. La jeune fille se récria, en s’arrachant des mains de l’agresseur, mais sans se fâcher et en riant. C’est que les jeunes filles du village étaient habituées à ces hardiesses-là. Dans les grandes cuisines du seigneur où des dizaines de servantes et d’ouvrières dînaient ou prenaient le thé avec des dizaines de cochers, surveillants, travailleurs de champs, etc., et où, poussé par l’ardeur érotique, j’entrais souvent maintenant, les familiarités les plus audacieuses étaient licites. La conversation générale était un feu roulant d’obscénités, les gestes ne le cédaient en rien aux paroles. J’ai vu, par exemple, un jouvenceau qui brandissait devant les jeunes filles un tison éteint et carbonisé à forme phallique, en leur demandant si elles voudraient que leurs amants fussent pourvus d’un membre aussi imposant. Aucune des jeunes filles n’avait l’air choquée, toutes riaient aux larmes. Les navets, les trognons de chou ou de raifort servaient de prétextes à des facéties analogues. Quelquefois, quand une jeune fille, s’occupant du feu du poêle ou arrangeant le samovar placé par terre, se baissait, un jeune homme, en veine d’humour, la saisissait par derrière, collait son ventre à ses fesses (sans sortir son membre, ni la trousser, bien entendu) et simulait les mouvements du coït a retro et disant qu’il était un étalon ou un taureau qui saillait une cavale ou une vache. Ces comparaisons n’offensaient pas la rustique beauté, amusée par