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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

excitation sexuelle. Il avait la peau très fine, les cheveux naturellement frisés et ressemblait tout à fait à une fille. C’est sans doute pour cette raison que sa proximité m’était agréable ; j’aimais à lui pincer le cou un peu gras, à lui prendre la taille. Je ne pensais jamais à son sexe, ni à la possibilité des relations charnelles avec lui, je ne souhaitais même pas le voir nu et pourtant son image se présentait quelquefois à mon esprit dans les rêves érotiques ; je voyais en rêve, nue, une partie de son corps (pas le sexe, mais, par exemple, les bras ou les épaules), l’embrassais, le baisais sur les joues et cela aboutissait à des pollutions. Dans toute mon existence, c’est le seul souvenir ayant quelque rapport avec l’homosexualité. Du reste, nous n’avons jamais échangé aucun propos tendre, aucune démonstration d’amitié particulière. Je crois que la finesse féminine de l’épiderme de l’enfant a été la seule cause de mes émotions érotiques. Les organes sexuels d’un petit garçon me sont indifférents ; ceux d’un homme fait provoquent mon dégoût ; je ne consentirais pas à les toucher avec la main.

Vers la fin de cette année scolaire, j’eus trois aventures avec des femmes adultes. Une jeune femme mariée, assez jolie brunette, venait souvent nous voir, seule ou avec son mari. Ma mère me chargea un jour d’aller rendre à cette dame un livre prêté par celle-ci. La dame me retint assez longtemps chez elle, causa avec moi littérature et me fit promettre de revenir chez elle le lendemain au soir pour lire ensemble des romans, mais de n’en rien dire à mes parents. « Mon mari, dit-elle, s’en va le soir au club, je m’ennuie toute seule et la lecture me fatigue la vue. Vous lirez à haute voix et je vous écouterai. » — J’ai déjà dit que je sortais quand je voulais ; je sortis donc de chez moi à l’heure convenue, me contentant de dire à mes parents que j’allais voir un camarade, et me rendis chez la dame. Elle me fit asseoir auprès d’elle sur un sopha et me fit lire un roman de Goncourt. Arrivé à un passage érotique, je me sentis un peu gêné et ma voix tremblait. Alors la dame m’arrêta et se mit à m’interroger pour voir si je comprenais bien les allusions érotiques. Comme je le