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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

personnes causaient dans le salon, je lisais fiévreusement, dans le cabinet du médecin, la revue médicale. C’était le compte rendu détaillé d’un procès qui fit alors beaucoup de bruit en Russie. Une jeune personne excentrique, fille d’un marchand très riche, tua, avec la complicité de ses compagnons de débauche, dans un lupanar de Moscou, un homme appartenant, comme elle, à la bonne société. Cette jeune fille de moins de 20 ans, était homosexuelle et le mobile du crime fut la jalousie : elle voulut se venger de ce qu’on lui avait enlevé une amante. Il résulta du procès que cette riche héritière, nageant dans le luxe, avait coutume de se déguiser en homme et de visiter, en compagnie de jeunes gens de la jeunesse dorée, les lupanars de Moscou, les plus luxueux comme les plus misérables. Telles sont les circonstances de ce procès, si j’ai bonne mémoire, car jamais, depuis, je n’ai eu l’occasion de lire quelque chose au sujet de cette affaire. Mais je me souviens avec précision que, dans le compte rendu publié par la revue en question, il y avait la reproduction complète de l’expertise médicale. Il y avait, entre autres, une description des parties sexuelles de la jeune fille, description tellement complète que je n’ai vu, depuis, rien de pareil : le moindre détail était indiqué, tantôt en termes pittoresques, tantôt avec des mesures exactes, en centimètres, millimètres, etc. En lisant cela, je m’excitais à penser de quelle façon ces mesures avaient été prises, comment on avait mesuré la longueur du clitoris, les dimensions des petites lèvres dans leurs différentes parties, la profondeur du vagin ; je me représentais les savants appréciant les teintes de la coloration de la vulve sur différents points… Cette phrase me faisait rêver : « la sensualité de la patiente se décèle par la grande excitabilité des petites lèvres et du clitoris qui entrent en érection violente au moindre attouchement ». Comme la jeune fille n’était plus vierge, il y avait des détails sur les sensations qu’elle éprouvait, d’après son propre témoignage, dans le coït normal et dans les relations homosexuelles. Bref, cette lecture agit sur moi comme un puissant aphrodisiaque. Je suis constitué, en effet, de telle façon