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APPENDICE

sexuelles pendant trois ou quatre mois. Comme je ne me masturbais pas, je commençais même à me calmer un peu, mais, à ce moment, nous changeâmes de logement et je fis une connaissance nouvelle qui me replongea dans la fièvre érotique. J’avais alors plus de 12 ans.  Nos nouveaux voisins de palier étaient des juifs de basse origine, mais enrichis et qui montraient un grand luxe. Ils avaient un fils de mon âge à peu près qui était élève du gymnase, mais dans la classe immédiatement inférieure à la mienne (c’est-à-dire en seconde) et une fille entre 13 et 14 ans qui allait au gymnase de filles. Nous sortions le matin en même temps pour aller en classe ; seulement j’y allais à pied, mes parents ne tenant pas de chevaux en ville, tandis que les petits israélites allaient au gymnase en calèche. Nos parents respectifs ne se connaissaient pas, mais les enfants me proposèrent une fois, en allant en classe, de monter dans leur voiture, ce que j’acceptai et c’est ainsi que nous liâmes connaissance. Elias (c’est ainsi que j’appellerai le jeune israélite) vint me voir chez moi et ses visites du soir devinrent fréquentes, sous le prétexte d’explications des difficultés de la grammaire latine. Puis, j’allai le voir chez lui. Je fus étonné du luxe au milieu duquel vivaient Elias et sa sœur Sarah. Leurs parents non seulement les adoraient, mais, comme c’est le cas dans beaucoup de familles juives, avaient pour leur propre progéniture une espèce de vénération. Comme la plupart des juifs, ils avaient pour le travail intellectuel un respect presque superstitieux. Parvenus ignorants, ils admiraient sincèrement leurs enfants qui allaient au gymnase et y étudiaient tant de belles choses mystérieuses. Ces enfants étaient donc les tyrans de la maison et jouissaient d’une liberté aussi complète que la mienne, ne permettant à personne de venir les déranger quand ils s’enfermaient dans leurs chambres, et recevaient les personnes qu’il leur plaisait de faire venir. J’allais les voir souvent en disant à mes parents qui, non plus, ne gênaient jamais mes volontés, que nous préparions ensemble les leçons. Et, en effet, nous essayâmes de le faire au commencement, mais bientôt nos relations prirent un autre caractère. Sarah était