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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

paresseux. En classe, j’avais des somnolences irrésistibles. Dans les livres, je ne m’intéressais plus qu’aux pages érotiques. Je cherchais dans les dictionnaires tous les mots qui se rapportent aux choses sexuelles. Je ne pouvais pas faire de recherches semblables dans la Bible, attendu que ce livre ne se trouve presque dans aucune maison russe (on ne le trouve même pas dans la plupart des librairies), mais je me plongeais dans les romans français que laissaient traîner mes parents, surtout dans ceux des romans de Zola qui étaient déjà en circulation : la Curée, l’Assommoir, la Faute de l’abbé Mouret, Nana, Pot-Bouille. Entre 12 et 13 ou 14 ans, ces romans furent ma lecture favorite, mais j’ai su me procurer beaucoup d’autres ouvrages français naturalistes ou grivois, des auteurs du xviiie siècle, etc. Ce qu’on enseignait en classe n’avait plus aucun attrait pour moi et m’assommait. Je cessai d’être le fort latiniste que j’étais jusqu’alors et ne mordis pas du tout au grec dont on commençait alors l’étude en troisième. Mon nom ne brillait plus au tableau d’or ; mon petit ami des années précédentes, dont je ne sais quel scrupule m’empêcha de troubler l’innocence par des révélations sexuelles, prit ma place dans l’ordre des élèves et moi, de trimestre en trimestre, je dégringolais de plus en plus sur le tableau des élèves par ordre de mérite. Mes parents n’arrivaient pas à comprendre les causes de ce changement, mes professeurs non plus. Ma santé aussi s’affaiblit, je maigris, j’avais des maux de tête, des nausées et j’attrapais souvent des bronchites et des rhumes, ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Maintenant j’avais des relations d’amitié, de préférence avec des garçons que je supposais être expérimentés en matière sexuelle. Quant à mes propres expériences pendant cette période, elles furent nombreuses. D’autre part, j’eus, à partir de 12 ans, des pollutions nocturnes fréquentes accompagnées de rêves érotiques. Mais suivons l’ordre chronologique.

J’avais un peu moins de 12 ans en entrant dans la 3e classe. Ma tante ayant quitté Kieff, je ne voyais plus Olga et comme nos femmes de chambre d’alors avaient l’air sérieuses, je n’ai pas eu de relations