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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

copieux, il alourdit l’organisme, de sorte que la plupart des gens éprouvent le besoin de se reposer tout de suite après : on dort donc, une heure ou deux. Ensuite en prend le thé à 7 ou 8 heures du soir, avec des tranches de pain beurré, des ronds de saucisson, des viandes froides. Quelquefois on fait, en plus, un souper dans la nuit ; dans la plupart des familles, ce n’est pas un usage constant, mais ces soupers ont lieu quand dans la maison il y a des visiteurs qui s’attardent, chose, du reste, tout à fait normale en Russie : alors, à minuit ou à une heure du matin on sert un grand repas, aussi abondant que celui de 3 heures de l’après-midi ; on reste quelquefois à table jusqu’à 3 heures du matin, au grand désespoir des domestiques qui, en Russie, même dans les familles les plus libérales et radicales, sont surchargés de travail comme des esclaves), je fis aussi (contrairement à mes habitudes) un somme de 2 ou 3 heures, ce dont personne ne s’aperçut, puisque tout le monde avait fait comme moi et qu’on ne se revoit pas avant le thé du soir. Nous nous couchâmes assez tard. Seul dans ma chambre, en entendant les mouvements de ma voisine qui se couchait et me rappelant la nuitée de la veille, je fus pris d’une excitation si violente qu’elle me poussa à une démarche dont l’audace n’était pas du tout dans mon caractère, habituellement timide. J’entrai en chemise dans la chambre de l’étudiante et lui dis que j’avais peur de dormir seul, la priant de me permettre de dormir dans son lit. Après un moment d’hésitation, elle y consentit. Il ne faut pas oublier que je n’avais que 11 ans 1/2. J’étais étonné moi-même du succès de ma témérité et ne craignis pas de pousser l’aventure plus loin. Pendant une demi-heure ou une heure, — je ne le sais pas exactement, — je suis resté immobile, couché auprès de la jeune fille, la touchant de mon corps, sous la même couverture. Nous ne dormions pas, ni elle ni moi. Finalement, en me retournant et feignant de faire un mouvement involontaire, j’ai touché avec ma main le bras nu de ma compagne de lit. Je me suis mis à le caresser doucement. Comme il n’y eut pas de protestation, cela m’enhardit et je touchai avec mon pied nu le pied, puis