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APPENDICE

passait. M’approchant, à pas de loups, de la porte qui conduisait dans l’autre chambre, je regardai d’abord par le trou de la serrure, croyant que le clair de lune me permettrait de voir le lit de la demoiselle, mais le lit était placé de telle sorte qu’on ne pouvait le voir de cette façon. Alors je collai mon oreille à l’endroit où j’avais mis d’abord mon œil. Grâce au silence de la nuit rurale, je percevais tous les sons dans la chambre à côté, même les plus faibles : je tâchais d’en deviner la provenance et cela m’excitait violemment. J’entendais non seulement les baisers, les soupirs, le halètement des respirations, les petits cris de femme réprimés, la danse du lit, mais des bruits plus intimes encore : le tapotement des ventres nus qui s’entrechoquaient, le claquement et clapotis produits sans doute par les mouvements rapides de va-et-vient du pénis dans les plis ruisselants de mucus et palpitants de volupté, du vagin et de la vulve. Du moins, c’est ainsi que j’interprétais certains bruits qui arrivaient jusqu’à mon ouïe. Je voyais, pour ainsi dire, par les oreilles : je pouvais suivre les progressions de l’extase charnelle jusqu’au moment suprême. Puis mon ouïe me fit savoir que l’acte était terminé. J’entendis des chuchotements : c’était d’abord des conversations banales sur les événements de la journée. Puis mon cousin se mit à raconter des anecdotes pornographiques à sa compagne qui poussait quelquefois de tout petits rires. Le coït se renouvela plusieurs fois dans la nuit. Accablé de fatigue et moulu d’excitation sexuelle, le pénis constamment érigé, avec des douleurs aux testicules et aux aines, je restais debout auprès de la porte, sans pouvoir me décider à me recoucher. Enfin, vers le matin, je rentrai dans mon lit et m’endormis, non sans peine. Je me réveillai assez tard, à la mode russe ; mon cousin était dans son lit, c’est donc pendant mon sommeil qu’il avait quitté la voisine. Je ne lui dis rien de ma découverte. Il nous quitta dans la journée, rentrant chez son père. Profitant du moment où les grandes personnes faisaient leur sieste ; (en Russie, surtout dans le midi, on dîne ordinairement à 3 ou 4 heures de l’après-midi : c’est le seul grand repas de la journée ; étant extraordinairement