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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

La fin des vacances approchait : une douzaine de jours me séparait seulement de la rentrée des classes. Mon père avait une propriété avec maison de maître, grand jardin, etc., à la distance d’une vingtaine de kilomètres de la propriété de mon oncle. Mais c’est chez mon oncle et non dans la propriété de mon père, que nous passions habituellement l’été, car cette dernière était affermée. L’année dont je parle, mon père avait besoin de voir le tenancier de sa propriété et comme il ne devait y passer que quelques jours, il m’emmena comme compagnon de voyage. On nous installa dans notre maison et nous y passâmes dix jours, et revînmes à Kieff pour la rentrée des classes. Pendant ces quelques jours une nouvelle aventure érotique m’arriva que je note surtout parce que ce fut une des rares circonstances où il m’advint de prendre l’initiative des relations sexuelles. Voici comment la chose se passa.

La famille de notre fermier était nombreuse et joyeuse : des amis, et des parents venaient la voir. Entre autres, il y avait une jeune parente, étudiante d’université, ou Koursistka, comme on dit en russe, c’est-à-dire celle qui suit les cours supérieurs ; cette jeune fille d’une vingtaine d’années, suivait les cours supérieurs d’histoire et de lettres à Moscou. Immédiatement après notre arrivée, mon cousin (le jeune don Juan de village dont j’ai déjà eu l’occasion de parler) vint nous voir, en arrivant à cheval du village de mon oncle. On nous donna, à lui et à moi, une chambre à coucher commune dans une espèce de tourelle ou de mezzanine au-dessus de la maison. Cette mezzanine contenait deux chambres à entrées indépendantes donnant sur le palier de l’escalier ; mais ces chambres communiquaient aussi par une porte commune. Mon cousin et moi, nous occupions une de ces chambres, l’étudiante dormait dans l’autre. Une fois il m’arriva de me réveiller au milieu de la nuit. J’entendis dans la chambre à côté un bruit de baisers et des craquements de lit. Les rayons de la lune filtrant par les vitres, je vis que mon cousin avait quitté son lit et notre chambre. Comme je n’étais plus l’enfant innocent d’il y avait deux mois, je compris tout de suite ce qui se