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APPENDICE

l’aristocratie anglaise ou allemande. Dans ses mémoires sur son préceptorat auprès de l’empereur actuel de Russie (qui était alors le prince héritier), le professeur français M. Lanson raconte qu’à la cour d’Alexandre III il y avait un laisser-aller qui frisait le débraillé et que l’étiquette y était assez peu observée. Les règles conventionnelles s’accordent difficilement avec les mœurs russes. En second lieu, en Russie, les dames, même les plus vertueuses et appartenant à la meilleure société, ont des idées très larges en matière de morale sexuelle et ne comprennent pas la sévérité pour les faiblesses des personnes de leur sexe. Une fille-mère, en Russie, n’a à baisser les yeux devant personne, elle est reçue partout et dit, au besoin, sans le moindre embarras, qu’elle n’est pas mariée et a eu un enfant. Je connais le cas d’une dame célibataire qui a eu quatre enfants de quatre homme différents : cela n’a fait aucun tort à sa position de professeur dans un gymnase gouvernemental de jeunes filles, et toutes ses élèves savaient la circonstance, qui aurait paru scabreuse dans un autre pays. De même, une femme qui, ayant abandonné son mari, vit ouvertement avec un autre homme est reçue en Russie dans toutes les maisons. Les dames russes se moquent non seulement du puritanisme rigide des terribles Anglaises, mais aussi bien du décorum hypocrite et mondain des femmes du continent européen. Voilà pourquoi le fait que la femme de l’ancien camarade de mon père avait été chanteuse de café-concert et avait passé, probablement, par pas mal d’aventures galantes n’était pas du tout un obstacle à ce qu’elle fût reçue par une dame aussi sérieuse que ma mère.

Le directeur du théâtre et sa femme venaient donc nous voir souvent à notre maison de campagne. Quelques jours après ma conversation avec Glacha, les deux jeunes filles (j’appellerai Minna la fille de Mme X, celle de 18 ans, et Sophie celle de 16 ans, la nièce) me proposèrent d’aller faire avec elles et Olga (qui, avec ma tante, était réinstallée chez nous) une promenade dans les bois environnants. Comme les femmes m’intéressaient maintenant, j’acceptai sans