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APPENDICE

dont parlaient ces deux livres (et cela arrivait souvent) l’érection se reproduisit, me molestant et m’inquiétant.

Je venais donc de tout comprendre. J’avais plus de 11 ans et 1/2. On était au mois de juin (les grandes vacances scolaires durent en Russie du 15 juin au 15 août). Mais je n’étais pas certain d’avoir bien compris, j’avais encore des doutes, je voulais que quelqu’un me dit explicitement si, oui ou non, les enfants se faisaient par l’introduction du pénis dans le vagin et si des personnes graves et vénérables faisaient les « saletés » que j’avais vu faire aux enfants du général avec Zoé. Car ce souvenir qui, pendant des années, était comme complètement effacé de ma mémoire, ne se présentant jamais, jamais à mon esprit, reparaissait maintenant dans toute sa fraîcheur et devenait obsédant. En même temps, j’éprouvais le désir intense de voir les organes sexuels de la femme, de les bien examiner, de les toucher. Il me semblait que leur contact devait produire une sensation extraordinaire.

Ma tante était alors installée chez nous avec Olga. Les amis, qui, de la ville toute proche, venaient nous voir, couchaient souvent chez nous : en Russie on est très hospitalier (ou, pour parler plus véridiquement, l’usage exige qu’on soit très hospitalier. Car chez nous les bonnes ménagères pestent dans leur for intérieur, comme elles le feraient ailleurs, contre les bons amis qui leur occasionnent des frais et qu’il faut héberger au risque de bouleverser toute la maison : mais que voulez-vous faire ? Les usages sont tyranniques et les gens les plus avares sont obligés chez nous de montrer une hospitalité qu’au fond de leur cœur ils envoient à tous les diables). Par suite, il y avait presque toujours encombrement. Les chambres ne suffisaient pas, quoique nombreuses. Moi, je dormais souvent sur un canapé au salon. À l’autre bout du salon, on mettait par terre côte à côte deux matelas sur lesquels dormaient Olga, une petite servante de 12 à 13 ans appelée Glacha (diminutif de Glaphyra) et un petit garçon de 8 ou 9 ans, appelé Kostia (Constantin), fils de notre cuisinière (il aurait pu dormir avec sa mère, mais ma mère ne le voulait