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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

bibliothèque pleine de livres, la plupart vieux et sans valeur. Ce fut une aubaine pour moi ; en ma qualité de savant en herbe et de rat de bibliothèque, je passais des heures à fouiller dans le tas de vieux bouquins, à les feuilleter, à les lire. Sous mes yeux tombèrent un gros traité d’accouchement et un petit manuel des maladies vénériennes. Aucun de ces deux livres n’était illustré : le traité d’accouchement devait être accompagné des planches hors texte qui manquaient. Par curiosité, je me mis à lire ces livres et mes yeux se dessillèrent tout à coup. Ni dans l’un, ni dans l’autre de ces livres le coït n’était explicitement décrit, mais, en quoi il consistait, j’ai pu le deviner à travers le texte. Tous mes souvenirs d’ordre sexuel affluèrent à mon esprit, en s’éclairant les uns par les autres : pour la première fois ils se présentaient à moi simultanément. Je me suis rappelé l’aventure avec les fils du général, à laquelle je ne pensais jamais, les plaisanteries obscènes de mon cousin et des filles du village, la copulation des chiens, l’épisode avec Macha, etc. Si, dans le traité d’accouchement, le coït n’était pas décrit ; on y disait que « le spermatozoïde de l’homme pénètre dans la matrice où il se rencontre avec l’ovule de la femme et le féconde ». D’autre part, dans la brochure sur les maladies vénériennes, on conseillait à l’homme de laver le pénis après le coït. Ces deux phrases me donnèrent la clef de l’énigme sexuelle, bien que je ne fusse pas absolument sûr d’avoir bien compris et de ne pas m’être trompé. Je lus la description détaillée des organes sexuels de la femme dans le traité d’accouchement (pubis ; mont de Vénus, clitoris, grosses et petites lèvres, vagin, etc.) et cela m’émut prodigieusement, me donnant de véritables palpitations de cœur. La phrase sur le clitoris : « organe de la volupté chez les femmes : il est analogue au pénis de l’homme et est susceptible des mêmes mouvements », me troubla particulièrement. Je devinai que le vagin était l’endroit où s’introduisait le pénis. Je relus cent fois les mêmes lignes avec avidité. Et pendant cette lecture j’eus, pour la première fois dans ma vie, une érection. Elle m’effraya un peu : je me demandai si ce n’était pas un phénomène morbide et dangereux. Mais, dès lors, chaque fois que je pensais aux choses