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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

tête. Par suite, je dis à ma mère qu’il m’était plus agréable de préparer mes leçons dans son cabinet de travail où elle passait souvent la soirée en écrivant ses brochures ou en faisant sa correspondance. Ma demande fut acceptée. Quand j’étais seul dans ce cabinet, Macha n’osait y entrer.

Je me souviens des réflexions que je fis après cette histoire, sur la sensation de velu que j’avais en touchant malgré moi le mont de Vénus de Macha. « Pourquoi a-t-elle du poil là ? Est-ce une maladie ? » (je connaissais des cas de cuir chevelu, je pensais aussi à la grande verrue couverte de longs poils qu’avait une de mes tantes). Chose curieuse : je n’ai pas rapproché ma nouvelle expérience du souvenir des « triangles noirs » des jeunes filles que j’avais vues se baigner, ni de la connaissance que j’avais de la pilosité du pubis des hommes adultes. Cela montre bien que nous pouvons posséder des connaissances qui se complètent l’une l’autre et dont le rapprochement ferait immédiatement jaillir une vérité nouvelle sans avoir l’idée de faire précisément ce rapprochement des deux renseignements acquis dans des circonstances différentes. Si on avait suffisamment observé cette imperfection de l’intelligence humaine, on aurait peut-être traité avec moins de mépris le syllogisme et on aurait peut-être hésité un peu avant d’affirmer que cette opération mentale ne nous apprend rien de nouveau. Nous pouvons pendant toute notre vie posséder séparément la majeure et la mineure sans jamais penser à la conclusion qui jaillirait de leur réunion syllogistique.

Macha ne me poursuivit plus avec ses tentatives libidineuses. Une fois seulement, comme, un dimanche, je tardais trop à me lever, elle fut envoyée par ma mère dans ma chambre pour me réveiller. Sous le prétexte de m’obliger à me lever tout de suite, elle voulut m’enlever ma couverture. Une lutte acharnée s’engagea. Je m’apercevais bien que Macha voulait seulement voir mes organes sexuels et me défendis vaillamment. Comme j’étais très fort, elle ne put arriver à me dénuder et, après de longs et énergiques efforts, dut abandonner la partie.

Je ne me souviens d’aucun autre épisode se rapportant aux choses