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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

elle faisait des plaisanteries et des allusions que je ne comprenais pas. Quand je lui montrais des livres de voyages avec des gravures qui représentaient les sauvages in naturalibus, elle ne manquait jamais de mettre le doigt sur l’endroit où était représenté le pénis de quelque Botocudo ou de quelque Hottentot en riant bien fort et en ajoutant quelquefois : « C’est dommage que ce ne soit qu’une image. » De même, quand elle regardait la reproduction de quelque statue antique dont en voyait la virilité. En montrant le bas-ventre de quelque nudité mythologique féminine, elle me disait : « On n’a pas dessiné le plus joli. Voudriez-vous le voir dans la réalité ? » Ces inconvenances me choquaient et je tâchais de l’intéresser aux matières graves, mais elle m’interrompait en disant : « Comme vous êtes savant, comme vous êtes savant ! Si jeune et si savant ! Vous savez tout ce qu’il y a dans le ciel et sur la terre, vous avez lu tous les livres. Et pourtant il y a un point où je suis plus savante que vous ; il y a une chose que vous ne savez pas et que je sais. Vous ne savez pas ce que les messieurs et les dames font au lit la nuit. » — La belle affaire ! disais-je. Ils dorment. — Ah ! mais, pas du tout, ils font quelque chose de bien plus agréable. M’attendant à quelque nouvelle inconvenance, j’essayais de donner une autre direction à la conversation, mais Macha s’obstinait : « Vous ne savez pas comment se font les enfants ! » — Mais si, je le sais : ils sortent du ventre des femmes. — Oui, les femmes font les enfants comme ça. Mais les hommes, comment les font-ils ? — Vous me prenez pour un imbécile, je sais bien que les hommes ne font pas d’enfants ! — Comme vous vous trompez ! Ce sont les hommes qui font les enfants aux femmes. — Quelle absurdité ! et, persuadé qu’elle se moquait de moi, de nouveau je parlais d’autre chose. Mais elle revenait à la charge : « Il faut que je vous dise ce que les messieurs et les dames font quand vous dormez. Je vous dirai quelle danse ils dansent au lit. Et votre papa et votre maman dansent cette danse ! » Je protestais : « Et d’abord, papa et maman ne couchent jamais ensemble ! » (En Russie, dans la bonne société, les chambres des époux sont toujours séparées ; les lits appelés dans le Midi de l’Europe matrimoniaux