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APPENDICE

ensemble, mais assez près pour pouvoir s’examiner les uns les autres d’une façon assez détaillée. Il en était ainsi dans le village où je passais l’été. Mais, en dehors de cela, pendant que nous nous baignions, nous autres garçons, des gamines, des adolescentes et des grandes filles, venaient, comme je viens de le dire, nous regarder, restant elles-mêmes habillées. Elles s’asseyaient tranquillement sur l’herbe à 8 ou 10 mètres de l’endroit où étaient jetés nos vêtements et elles attendaient que nous sortions de l’eau. Cela ne gênait nullement mes compagnons, leur faisait plaisir, au contraire, leur fournissant l’occasion d’échanger avec les filles quelques propos plus ou moins lestes, mais c’était, — par suite de la pudicité dont j’étais alors atteint, comme je l’ai dit plus haut, — un vrai supplice pour moi. Je sortais de l’eau avec des ruses d’apache, me cachant derrière les buissons qui croissaient au bord de la rivière et profitant du moment où les filles ne faisaient pas attention à moi, ce qui n’était pas très difficile, car ce n’est pas sur moi, mais sur les grands garçons qu’étaient fixés leurs regards. La plupart du temps il me suffisait d’attendre, caché jusqu’au menton dans l’eau bourbeuse du fleuve, que les grands garçons fussent habillés : alors les filles s’en allaient et, moi, je pouvais sortir de l’eau et m’habiller tranquillement. Mais, une fois, quand mon cousin était déjà habillé, deux maudites fillettes, l’une d’une quinzaine, l’autre d’une douzaine d’années, s’obstinèrent à garder leurs positions, attendant mon apparition in naturalibus. Voyant qu’elles ne voulaient pas décamper, je n’osais pas sortir et, plongé dans l’eau jusqu’au cou, me désespérais, versant des larmes amères, lesquelles se mêlaient avec l’eau qui ruisselait de mes cheveux sur mes joues. Mon cousin comprit enfin ce qui se passait et eut une idée infernale. Il se redéshabilla, entra dans la rivière, me saisit traîtreusement par derrière et me souleva hors de l’eau à bras tendus, en écartant mes cuisses et en montrant mes organes sexuels aux fillettes ravies qui riaient aux éclats. J’ai éprouvé en cette circonstance une commotion psychique violente et douloureuse et, pendant longtemps, je ne pouvais me rappeler cette scène sans éprouver une souffrance réelle. Et pourtant on se trompe-