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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

ma présence, les jeunes filles (femmes de chambre, ouvrières), leur prenait la taille, les embrassait, mais cela ne m’excitait nullement, ni ne m’intéressait. Il me disait, en me montrant, par exemple, une ouvrière : « Tu sais, je couche avec elle », ou « j’ai couché avec elle » ; mais je ne connaissais pas la signification équivoque du mot « coucher » et ne comprenait pas quel plaisir ou intérêt il pouvait y avoir à dormir avec une femme. Quelquefois, il quittait notre chambre la nuit, en disant : « Je vais coucher avec des filles » et m’invitait à l’accompagner ; je refusais en m’étonnant de ces idées bizarres et en me demandant s’il n’était pas fou. Une fois nous nous disposions à nous baigner dans la rivière et étions assis nus au bord de l’eau. Mon cousin me montra son scrotum en disant : « Vois, comme c’est gros : ce n’est pas étonnant, puisque c’est de là que sortent les enfants. » Cette phrase m’étonna : « Comment, pensai-je, il ne sait donc pas, à son âge, que les femmes ne sont pas faites comme les hommes et n’ont pas de testicules ! » Mais je ne crus pas nécessaire de dissiper cette ignorance. J’étais peut-être content d’en savoir plus long qu’un garçon de 17 ans. Je savais alors que les enfants sortaient du ventre de la femme ; seulement, je croyais que c’était par une déchirure qui, au moment de l’accouchement, se formait à l’endroit où se trouve le nombril. C’est ainsi que j’avais compris l’expression rencontrée dans les livres : « L’enfant, en naissant, déchire les entrailles de sa mère. » Mais, naturellement, je n’avais aucun soupçon de la participation de l’homme dans la création de l’enfant.

Lorsque nous prenions des bains dans la rivière, — quelquefois en compagnie des frères aînés de mon cousin, — les jeunes filles du village, de 12 à 17 ou 18 ans, venaient nous regarder. Contrairement à l’opinion courante, j’ai remarqué que les jeunes filles sont bien moins pudiques dans les villages que dans les villes. Du moins, en Russie, il en est ainsi. Il faut savoir que les individus de tout âge et des deux sexes ont l’habitude en Russie (surtout dans les campagnes) de se baigner absolument nus dans les rivières et dans la mer. Les hommes et les femmes forment des groupes séparés qui ne se baignent pas