Page:Études de psychologie sexuelle, tome VI (extrait), Confession sexuelle d’un Russe du sud, 1926.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
APPENDICE

rement. Ma mère me donna des leçons pour me préparer au gymnase (collège ou lycée). Le cours du gymnase russe se compose de huit classes, sans compter une ou deux ou même trois classes préparatoires (de mon temps il n’y avait qu’une seule classe préparatoire). On entre dans la première classe à 10 ou 11 ans et on termine les études secondaires (si on ne se trouve pas obligé de redoubler certaines classes, par suite des mauvaises notes aux examens de passage), à 18 ou 19 ans. La réussite au dernier examen du gymnase (examen de maturité) ouvre les portes des universités et de certaines écoles supérieures, comme le baccalauréat français. Je ne fis pas la classe préparatoire, — mais je suis entré, après examen, dans la première classe du gymnase quand j’avais un peu moins de 10 ans.

Ma mère fut étonnée de mes aptitudes qu’elle ne soupçonnait pas. J’avais une mémoire extraordinaire, beaucoup de goût et de facilité pour le calcul et un immense amour pour la lecture. De plus, mes exercices de narration étaient remarquables pour mon âge. Bientôt j’eus une réputation de petit prodige. Je connaissais ma réputation, cela n’augmenta pas mon assurance ; ma confiance en moi-même ne diminua en rien ma timidité, mais développa mon amour-propre qui était déjà excessif. Mes parents étaient fiers de voir que je lisais des livres sérieux, français et russes, que d’autres enfants de mon âge ne pouvaient même pas comprendre : j’en étais fier également.

Entre 8 1/2 et 10 ans, j’ai passé deux étés à la campagne, dans la propriété d’un de mes oncles. Il avait plusieurs fils qui ne causaient pas avec moi, sauf un seul, le plus jeune, un garçon de 16 à 17 ans, élève de la sixième classe du gymnase. Ce jouvenceau était, je crois, sous le coup d’un véritable étourdissement érotique. Il ne pensait qu’aux femmes et ne parlait que des choses obscènes. Seulement, me supposant bien mieux renseigné et plus expérimenté que je ne l’étais, il ne s’expliquait pas en détail et me parlait de telle sorte que je ne comprenais pas ce qu’il disait. Il me racontait des anecdotes scandaleuses et pornographiques dont la signification m’échappait absolument et que je n’ai comprises que bien plus tard. Il poursuivait, en