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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

scolaires de me confesser et de communier tous les ans, le prêtre ne m’a jamais posé de question sur les péchés sexuels, même quand j’eus 17 ans ; il me demandait seulement si j’étais respectueux avec mes professeurs, si je ne me battais pas avec mes camarades et si j’apprenais consciencieusement mes leçons ! Je connais, du reste, le cas d’une dame catholique convertie à la religion grecque, qui s’indignait, — toute déçue et désappointée, — de la manière sommaire et « superficielle » dont confessaient les prêtres de sa nouvelle religion ! « Il ne m’a presque pas interrogée ! » disait-elle.

Ma ferveur religieuse ne dura pas longtemps. Pélagie nous quitta quelque temps après ma communion clandestine (que mes parents ignorèrent). Mon intelligence fit, à cette époque de ma vie (entre 8 et 10 ans) des progrès rapides. Je compris que mes parents étaient athées, ce qui me fit subitement cesser de croire, d’autant plus que l’autorité intellectuelle de l’excellente Pélagie, absente, ne s’exerçait plus sur moi, tandis que mes sentiments patriotiques et militaristes étaient entretenus par la conversation de mes chers amis les soldats, incarnation de la force physique pour laquelle mon père lui-même, sans prévoir les conséquences de ses discours, m’avait inspiré une profonde vénération. La période mystique fut donc bien brève dans ma vie.

À l’âge de 9 ans, je perdis mes deux sœurettes. Elles furent emportées par le croup dont je fus atteint en même temps qu’elles, mais dont je guéris. On me cacha leur mort pendant plusieurs mois, en inventant des histoires. Mais je commençais déjà d’avoir un esprit plus critique et soupçonnais quelque malheur. Quand je sus enfin la vérité, elle me fit de la peine, mais, chose étrange, ne me fit point pleurer, alors que je pleurais toujours en voyant mourir un chien, un chat, un oiseau ou une souris. Peut-être cela tenait-il à ce que je n’éprouvais pas de choc moral, ayant soupçonné déjà la vérité qu’on me cachait.

Quelque temps après, Mlle Pauline nous quitta aussi, ce qui fut pour moi un gros chagrin, de même que le départ de Pélagie antérieu-