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APPENDICE

sion en tremblant et en parvenant à me découvrir des péchés qui étaient bien minuscules, je suppose. Mais j’avais infiniment d’amour-propre, comme tous les timides, et l’idée de révéler mes petites fautes à un étranger m’effrayait beaucoup. Pélagie m’avait appris que j’étais accompagné d’un ange gardien qui me protégeait contre le diable. Je me souviens que, couché dans mon petit lit de fer, les lumières éteintes, je ne pouvais m’endormir, pensant à ce que j’allais dire au prêtre. Tantôt je ma décidais à lui cacher mes péchés (tels que celui d’avoir, avec une intention blessante, montré ma langue à ma sœur ou de m’être montré paresseux dans l’étude des gammes et de la grammaire française que m’imposait Mlle Pauline), — mais je me disais alors que cette décision impie m’était suggérée par le diable, — tantôt je ne résolvais à tout dire et je sentais que j’obéissais alors à l’ange gardien. Finalement, l’ange gardien l’emporta, je me décidai à tout révéler au confesseur, quoiqu’il en coûtât à mon amour-propre ; j’éprouvai un sentiment de sainte joie et de béatitude et m’endormis là-dessus. Le lendemain le cœur me battait fort quand Pélagie nous mena à l’église, mais ma sainte décision était inébranlable. Quel ne fut mon étonnement quand, à confesse, le prêtre ne m’interrogea sur aucun de mes péchés, mais me demanda seulement si je savais les prières et le Symbole de Nicée, que Pélagie m’avait appris, et que je récitai tant bien que mal, n’y comprenant du reste à peu près rien (car en Russie la langue liturgique est le vieux-slavon qui est au russe actuel ce que l’anglais de Beowulf ou de Caedmon’s Paraphrase est à l’anglais d’aujourd’hui. C’est pourquoi les prières que récite le peuple russe sont, pour lui, absolument inintelligibles.) Puis j’ai communié sans éprouver aucune espèce d’émotion et me demandant seulement pourquoi le pain (les grecs-orthodoxes communient avec des morceaux de pain et non avec des hosties) et le vin que j’avalais n’avaient nullement le goût de la chair et du sang. À propos de la confession, je remarque en passant que les prêtres grecs-orthodoxes le comprennent bien autrement que les prêtres catholiques. En effet, quand plus tard, élève du gymnase, j’étais obligé par les règlements