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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

faiblesse physique comme la chose la plus honteuse, pire que les plus grands vices et je m’épouvantai à la pensée que j’étais peut-être une de ces « femmelettes » dont me parlait mon père, alors que j’étais, au contraire, très robuste pour mon âge et physiquement courageux quoique poltron moralement (ainsi je n’hésitais pas à me battre avec un garçon plus grand que moi, mais je n’osais pas élever ma voix pour réclamer mes droits les plus clairs).

Pour revenir à la pudicité, j’ai eu à cette époque des rêves qui se sont perpétués à travers toute mon existence et se continuent encore aujourd’hui : je rêvais de me trouver dans la rue ou dans un salon, sans vêtements, sans pantalon ou seulement déchaussé ou sans veste (ou avec un seul pied déchaussé) : je tâchais de cacher ce scandale et j’éprouvais d’indicibles souffrances. Comme je viens de le dire, ces rêves, je les ai encore maintenant et ils me font souffrir autant qu’à l’âge de 8 ou 9 ans ! Et pourtant à partir de 12 ans je n’éprouvais plus dans la vie réelle aucune espèce de sentiment de pudicité et si j’évitais de me faire voir nu c’était par respect pour les règlements publics et nullement par sentiment intime. Nouvelle preuve de la profondeur des traces subconscientes des impressions infantiles. Un autre rêve horrible dont rien n’a pu m’affranchir, c’est la vision d’être sur un banc de collège (gymnase), sans savoir la leçon et dans l’attente d’être interrogé par le professeur. J’ai ce torturant cauchemar encore maintenant, au moins une fois par semaine. Quant au rêve d’être incomplètement vêtu au milieu des gens, je l’ai tous les 15 ou 20 jours et il est vraiment pénible. Des conversations m’ont appris que beaucoup de personnes (surtout les femmes) ont des rêves angoissants d’être dévêtues ou incomplètement vêtues au milieu des gens. Quand j’étais enfant je rêvais souvent aussi de tomber dans des profondeurs ou d’être poursuivi par des bêtes sauvages et des chiens, mais, arrivé à l’âge adulte j’ai cessé d’avoir ces rêves-là.

Je me souviens que lorsque j’avais 7 ou 8 ans (c’était après l’histoire avec les fils du général) je me promenais, une fois, dans la rue avec mes sœurs et notre gouvernante française et qu’un petit garçon du