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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

tales de mes sœurs, je n’avais jamais vu la vulve entr’ouverte. Cela me fit une impression désagréable. Alors les garçons se couchèrent, l’un après l’autre, sur le ventre de Zoé en appliquant leurs pénis sur la vulve. Comme la chose continuait à ne pas m’intéresser, je n’ai pas essayé de me rendre compte s’il y avait eu une immissio penis ou si le contact était superficiel. Je voyais seulement les garçons et la fillette s’agiter beaucoup, l’une dessous, les autres dessus, et chaque garçon continuer, à mon grand étonnement, cet exercice pendant assez longtemps. Le petit Kolia fit comme les autres. Vint mon tour. Toujours par politesse pour la compagnie, je mis mon pénis sur la vulve de la petite Grecque, mais celle-ci ne fut pas contente de moi, me traita d’imbécile et de vieux rossinante (Kliatcha), dit que je ne savais pas faire, que ma pissette était comme un chiffon. Elle essaya de m’apprendre à mieux faire, mais n’y réussit pas et répéta que j’étais un imbécile. J’étais très blessé dans ma dignité, surtout de la qualification de « vieille rosse », d’autant plus que j’avais conscience de faire une chose si absurde et si insipide par pure courtoisie pour la compagnie et sans m’y intéresser le moins du monde. Du reste, je n’avais pas le moindre soupçon que tout cela pût être considéré comme honteux ou immoral. Aussi de retour à la maison je racontai à ma mère devant tous et le plus tranquillement, le plus ingénument du monde (ce n’était nullement une délation, puisque je ne savais pas que « foutre » une fillette fût répréhensible), à quoi nous nous étions amusés. Épouvante générale, terrible scandale. Mon père va voir le général pour l’avertir du danger moral auquel ses enfants ont été exposés, sans doute par la fréquentation de quelques petits mauvais sujets, comme cette Zoé, ce Micha, ce Vania, tous enfants de familles grossières ; mais le général devient furieux à l’idée qu’on a pu supposer ses enfants (pensez donc, les enfants d’un général !) capables de faire des choses sales, il affirme que j’en ai menti, il dit des injures à mon père qui lui répond avec virulence, la brouille entre les deux familles voisines est complète. Tel fut mon premier contact avec les choses sexuelles, contact qui, du reste, ne me salit nullement, car je n’ai rien compris à ce