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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

mère était « sa maman » comme pour nous ; étant des enfants très aimants, très tendres, nous caressant sans cesse, nous l’aimions comme nous nous aimions entre nous, en l’embrassant et la cajolant, tandis que ce petit démon ne pensait qu’à nous faire du mal. Quand elle devint plus grande, nous nous rendîmes compte de son caractère. Nous avons fini par voir, par exemple, que, chaque fois que l’occasion s’en présentait, elle faisait une action contraire à notre éthique de bébés, mais avec une infaillibilité de loi physique. Par exemple, jamais elle ne racontait ce qui s’était passé dans la nursery en l’absence des grandes personnes, sans calomnier ses compagnons de jeux. Elle avait la passion d’inciter les autres enfants à un méfait pour aller tout de suite dénoncer l’auteur de ce méfait. Elle était habile à semer la division entre les grandes personnes (domestiques, etc.) par des inventions calomnieuses. Alors que nous adorions les animaux, elle les tourmentait, — jusqu’à la mort quand elle le pouvait, — et puis nous en accusait devant nos parents. Elle aimait à faire des cadeaux, mais — sans que jamais cette règle ait souffert la moindre exception, — c’était pour les reprendre immédiatement après et jouir des pleurs de la victime. Comme elle était plus forte physiquement et plus intelligente dans le mal que nous, nous étions ses souffre-douleurs. Elle nous battait et nous n’osions pas nous plaindre, elle nous calomniait et nous ne savions pas nous disculper. Elle nous volait sans cesse nos joujoux ou les détruisait ; très gourmande, elle nous enlevait — quand les enfants n’étaient pas surveillés de près — notre part des friandises. Chose curieuse, malgré tout cela, nous n’avions pas la moindre animosité contre elle et continuions à l’aimer parce que c’était notre sœur. Cela s’explique sans doute par la débilité mentale des enfants qui aiment parfois les personnes qui les maltraitent (les parents brutaux par exemple) par incapacité de raisonner sur les actes. Nous savions seulement qu’il faut s’aimer entre frères et sœurs et nous obéissions à cette règle éthique. À l’âge de 6 ans, cette fillette eut l’idée de voler l’argent que notre bonne cachait dans son lit. Nous, c’est-à-dire mes sœurs et moi, savions aussi que la bonne mettait de l’argent sous son matelas, mais, outre que