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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

J’ai fini par quitter l’Italie et m’installer en Espagne où j’ai trouvé une situation plus avantageuse. Mais, en changeant de pays, je n’ai pas changé d’humeur et reste aussi pessimiste (en ce qui me concerne), aussi dégoûté de moi-même qu’auparavant. Des idées de suicide me hantent de plus en plus souvent. Ma santé s’affaiblit toujours, mais non mes besoins sexuels, ni, par suite, mon penchant à la masturbation.

Ayant lu vos savants ouvrages, j’ai eu l’idée d’ajouter quelques faits à ceux que vous avez recueillis ; je me suis dit que peut-être quelques-uns des renseignements que je vous donnerais pourraient présenter pour vous un intérêt psychologique. Je crois que ma vie sexuelle pendant mon enfance a été assez extraordinaire par son intensité. Elle le paraîtrait peut-être moins si nous possédions beaucoup d’autobiographies sexuelles complètes. Mais on a honte de parler de ces choses-là. Contrairement à l’opinion générale, les enfants sont très cachottiers pour certaines choses. Je crois qu’ils cachent aux grandes personnes plus de choses que les grandes personnes n’en cachent aux enfants. D’autre part, les grandes personnes oublient souvent une immense partie des événements de leur enfance. Je crois que peu de gens ont des souvenirs aussi précis et aussi complets que les miens touchant les premières impressions sexuelles. Mais j’ai une mémoire particulièrement tenace pour tout ce qui concerne les phénomènes érotiques, peut-être parce qu’ils m’ont toujours fortement intéressé et ma pensée revenait toujours aux souvenirs de ce genre. J’ai tâché d’être le plus exact possible et cela donne peut-être quelque valeur à mon récit.