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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

quelque chose de blanchâtre qui sortait de notre corps ! ». Le mode ordinaire des relations sexuelles entre enfants était le coïtus in ore vulvae : « on se frottait », si fregava. Quelquefois on s’onanisait mutuellement avec la main. Le cunnilingus n’était pas inconnu. Il y eut des cas de défloration entre enfants. Des différents récits que me firent les femmes il résultait que presque toujours, pour accomplir leurs exploits érotiques, les enfants étaient obligés de sortir de la ville et de chercher une cachette dans les jardins ou les bois des environs. Cela confirme ce que j’ai dit, à savoir que la vie de campagne est plus favorable aux jeux érotiques des enfants que celle de ville : en ville les cachettes ne sont pas toujours faciles à trouver. Une hétaïre bolonaise me dit qu’à l’âge de 14 ans et étant encore vierge elle avait eu un « fiancé ». Ils allaient ensemble se promener aux environs de Bologne, se couchaient dans les broussailles et se masturbaient mutuellement « con furia ». « E ce ne siamo dato, delle pugnette ! » s’exclamait-elle. Le fiancé pratiquait aussi sur elle le cunnilingus. Mais ce ne fut pas lui qui la déflora un peu plus tard.

J’ai noté que la plupart des jeunes filles, entre 14 et 17 ou 18 ans préfèrent le coïtus in ore vulvae au coït complet. Récemment une Espagnole me raconta qu’elle s’était laissé déflorer par un amant, qu’elle aimait d’amour, pour lui complaire. Depuis ce moment, l’amant ne voulut plus la coïter in ore vulvae. Comme le coït complet ne la satisfaisait pas et comme elle avait la nostalgie des anciennes sensations, elle fut obligée de s’adresser à des amis de son âge ou plus jeunes qu’elle pour se faire coïter à l’ancienne façon. Elle trompait ainsi son amant qu’elle continuait à aimer sentimentalement quoiqu’il ne lui procurât plus presque aucun plaisir sexuel, car il s’obstinait à ne plus pratiquer avec elle que le coït normal. Ce n’est qu’à 18 ans qu’elle apprécia ce dernier (une femme qui se livrait à la prostitution depuis l’âge de 15 ans me dit qu’elle avait éprouvé la première jouissance sexuelle, le premier orgasme non simulé, à 23 ans ! Depuis ce moment, elle est devenue très sensuelle).