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APPENDICE

voyaient mon membre érigé, avec le gland mis à nu. Une fois, une jeune fille de 14 ans environ passa devant l’urinoir où j’étais, en me frôlant presque, mais n’ayant pu voir mon membre par suite de la perspective ; ayant dépassé l’urinoir, elle se retourna et put alors voir ma virilité qui lui produisit une telle impression qu’elle ne put réprimer un cri ; les yeux hagards, elle saisit sa poitrine, à l’endroit du cœur, avec sa main gauche.

Il est facile de comprendre combien m’excitait ce nouveau sport. Rentré chez moi, je me représentais les visages émus des enfants, et naturellement tout finissait par la masturbation. Je me transportais, pour ainsi dire, dans la peau des jeunes filles que j’observais, et me figurais les sensations voluptueuses qu’elles éprouvaient à la vue de mon organe. Du reste, quand je les voyais guetter un autre homme que moi, j’étais tout aussi bien ému ; je ne sentais aucun besoin de jouer un rôle actif dans cette comédie. La seule chose qui m’intéressait, c’était l’émotion charnelle des fillettes : qu’elle fût provoquée par moi ou par un autre, cela ne m’importait nullement, je préférais même le second cas. Mes actes d’exhibitionniste étaient accomplis avec une telle prudence qu’on ne pouvait pas s’apercevoir de leur caractère. Jamais je n’opérais en dehors des urinoirs et je n’y stationnais pas d’une façon trop prolongée.

Toutes les prostituées italiennes avec qui j’ai eu l’occasion d’en causer m’ont avoué que, pendant leur enfance et leur prime jeunesse, le spectacle des urineurs avait été pour elles une source abondante de jouissances. L’une d’elles me raconta qu’à dix-huit ans, lorsqu’elle était vierge, il lui était arrivé de regarder de la fenêtre de son logement l’urinoir qui était en bas dans la rue et de voir les pénis des hommes qui urinaient. Elle se disait alors : « Dieu, comme cela doit être bon, de toucher et de manier ce poisson cru ! Quelle chose divine cela doit être de coucher avec les hommes ! » « Dio, come dev’essere buono il toccare ed il maneggiare quello pesce crudo ! Che cosa divina dev’essere il coricarsi con gli uomini ! » À propos de cette fascination qu’exerce sur l’imagination des jeunes filles la vue de l’organe viril,