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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

femmes d’un certain âge n’y prêtent pas généralement d’attention.

Les voyeuses les plus passionnées sont les fillettes entre 12 et 15 ans. J’ai remarqué que ce sont aussi les jeunes filles de cet âge qui sont le plus fascinées par le spectacle des pénis érigés de certains singes (surtout des cynocéphales et des babouins) dans les jardins publics. Il y en a qui ne s’éloignent pas de la cage pendant des heures et des heures, tantôt regardant le rouge appendice, tantôt attendant qu’il se montre dans toute sa gloire. Pour revenir aux urinoirs, j’ai noté que, d’une façon générale, les fillettes regardent le spectacle en question d’autant plus volontiers qu’elles appartiennent à une classe plus basse. L’immense majorité des jeunes filles des classes supérieures, à partir de l’âge de 10 ou de 11 ans, détournent le visage en passant devant l’urinoir. Les filles de la classe la plus basse, celles qui sont couvertes de haillons, regardent l’organe viril avec une insistance cynique, s’arrêtent pour mieux voir, se retournent en riant, et quelquefois en causant de la chose entre elles à haute voix. Les fillettes du peuple, mais non de la canaille, épient le moment favorable, jettent des regards furtifs, regardent attentivement quand elles ne se croient pas observées. Souvent elles ont recours à des ruses : après avoir vu en marchant vers l’urinoir votre organe et dépassé l’urinoir, elles reviennent brusquement sur leurs pas comme si elles avaient oublié quelque chose et regardent ainsi la chose une seconde fois. Ou bien, à quelques pas de l’urinoir, elles s’arrêtent devant une vitrine de magasin, et font mine d’admirer ce qui est exposé en observant du coin de l’œil la chose qui les intéresse réellement. J’ai vu une fois une fillette d’une douzaine d’années qui est restée pendant une heure peut-être devant une affiche annonçant la Figlia di Jorio de G. D’Annunzio, absorbée, en apparence, par la lecture de cette affiche, en réalité en dévorant des yeux les pénis des hommes qui se succédaient dans l’urinoir à côté. La plupart du temps, l’excitation érotique des jeunes voyeuses se manifestait par des signes non douteux ; Je voyais leurs yeux briller, leurs joues se colorer ou pâlir, leurs lèvres trembler. Cette excitation devait être d’autant plus forte qu’elles