Page:Études de psychologie sexuelle, tome VI (extrait), Confession sexuelle d’un Russe du sud, 1926.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

me dire que, dans ma conduite, il était difficile de ne pas voir de ma part le désir de rompre et par me prier, dans le cas où cette supposition serait une erreur, de répondre enfin catégoriquement à quelle date le mariage aurait lieu et de fixer cette date irrévocablement, car, par ma faute, elle, ma fiancée, commençait déjà à devenir la risée de ses connaissances : elle avait dû tant de fois leur annoncer à nouveau le réajournement de son mariage. Hélas, je ne pouvais fixer aucune date définitive, ne sachant pas quand ma blennorrhagie chronique disparaîtrait. Je répondis donc évasivement, par suite de quoi ma fiancée m’écrivit qu’elle me rendait ma parole, et me renvoya mes lettres en me priant de lui restituer les siennes. Tout était fini. C’était pour moi, un coup terrible. Ma vie aboutissait à une faillite.

Quelque temps après, je quittais Naples. Non sans peine je pus, malgré mon absence prolongée, reprendre mon poste dans la Compagnie. J’en avais vraiment besoin, car, à Naples, j’avais dépensé toutes mes économies. J’étais maintenant bien différent de l’homme que j’étais en partant de Milan. D’abord, j’étais masturbateur endurci. Un an environ après mon retour de Naples, alors que, d’après les analyses médicales, il n’y avait plus trace de gonocoques dans mes sécrétions urétrales, je repris les relations sexuelles avec les femmes, m’étant affranchi de mon ancienne crainte panique de l’infection. Je n’emploie pas les préservatifs mécaniques, croyant qu’ils nuisent au plaisir, mais je prends d’autres précautions (insuffisantes suivant les médecins) et je recherche des femmes présentant quelque apparence de garantie, des « cocottes propres », mais dans ce cas, la garantie absolue n’existe jamais : aussi, une fois eus-je une nouvelle blennorrhagie. Pendant quelque temps j’eus une entretenue, mais cela n’a pas duré longtemps : je supporte difficilement une liaison prolongée avec des femmes de cette catégorie, elles me sont trop antipathiques moralement. Chose étrange ! Si je pratique à présent le coït, ce n’est pas pour lui-même ; il ne me satisfait pas assez, c’est pour pouvoir me masturber ensuite, en excitant mon imagination