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APPENDICE

Entre autres, elles m’apprirent un raffinement que je ne connaissais pas par les livres : elles provoquaient chez moi l’orgasme et l’éjaculation par des manipulations buccales sur mes mamelles. (La fillette de 12 ans qui me fit cela peur la première fois avec une habileté consommée avait vu, à ce qu’elle me disait, un hermaphrodite et s’excitait beaucoup par l’idée de ce phénomène : elle me disait que souvent elle en rêvait avec éjaculations.) J’étais très effrayé d’être devenu un onaniste et me demandais si, avec ce vice, j’avais le droit moral de me marier. D’autre part, ayant lu dans les livres de médecine populaire que le coït est l’antidote souverain contre l’onanisme je me décidai à essayer des relations normales avec une femme adulte pour faire disparaître mes nouvelles inclinations. On me trouva une jolie danseuse de San Carlo d’une vingtaine d’années. Après les âcres voluptés dans lesquelles je venais de me plonger, le coït normal me sembla un peu fade, presque insipide. Mais ce qu’il y avait de plus triste, c’est que, quelques heures après le coït, en y pensant, il fut plus voluptueux dans mon imagination qu’il ne l’avait été dans la réalité et je ne pus m’empêcher de me masturber de nouveau en repassant dans mon souvenir tous les détails de l’acte accompli. À mon grand désespoir, il en fut ainsi plusieurs fois de suite. Mais un jour j’eus la joie de goûter le coït normal plus fortement que d’ordinaire et de ne pas rechuter ensuite dans la masturbation. La même chose se répéta deux jours après. Je voyais en cela le commencement de ma guérison psychique et je recommençais à rêver avec délices à mon mariage prochain. Mais la fatalité me poursuivait. Ma danseuse me donna une violente blennorrhagie. Les médecins napolitains me soignèrent, probablement mal, car une blennorrhagie chronique succéda à la blennorrhagie aiguë. Tous mes rêves de bonheur s’écroulaient. En effet, je reculais toujours la date de mon mariage, ayant obtenu de la compagnie électrique un congé de convalescence (j’avais prétexté une bronchite), ce qui me permettait de rester à Naples. Cela ne laissait pas que d’étonner ma fiancée. D’ajournement en ajournement, elle finit par m’écrire pour