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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

précautions pour que le trafic fût secret. Du reste, à Naples, ville de la camorra, personne ne se mêle des affaires d’autrui quand elles sont louches ; au contraire, dans ce domaine règne l’entr’aide la plus touchante, qui se limite quelquefois à la conservation du secret, à charge de revanche. On m’a fait connaître, entre autres, une sage-femme qui tenait un vaste assortiment de fillettes impubères. N’ayant pas de penchants homosexuels, je ne me suis pas occupé de la prostitution masculine à Naples. Une vierge de 16 ans, avec laquelle on me permit de « jouer » (sans coït, naturellement) avait, au moment du paroxysme génésique, des flatulences du vagin, faisant le même bruit que les « vents » du rectum : cela me rappela les vers de Martial sur les fatui poppysmata cunni. Est-ce de la concentration brusque et violente du vagin rempli d’air que proviennent ces flatulences ? J’ai fait aussi la connaissance, mais trop tard pour en profiter pour mon propre compte, d’une étrange famille, bien connue à Naples à cette époque. C’étaient les demoiselles Bal…i, plusieurs sœurs de 11 à 19 ans, riches orphelines que laissaient vivre à leur guise leurs tuteurs (probablement dans un but intéressé) : elles étaient toutes folles de sensualité, recevaient les messieurs élégants et se livraient avec eux à tous les raffinements sexuels. Même la plus jeune, celle de 11 ans, était un si fin « gourmet » qu’elle ne s’abandonnait jamais à la luxure deux fois de suite avec le même homme ; il lui fallait une variété et un changement continuels.

Et ma fiancée ? Ayant honte de ma propre conduite, ne voulant pas mentir, je lui écrivais rarement et froidement. Elle en fut blessée et m’écrivit aussi plus sèchement et moins souvent. Il restait cependant convenu que nous nous épouserions dès mon retour à Milan.

Après avoir été chaste si longtemps, je devins ou redevins un débauché, par suite d’une circonstance purement fortuite, ce maudit voyage à Naples, et de la direction perverse qu’y reçut ma vie sexuelle. L’habitude que j’avais prise de me masturber devenait de plus en plus tyrannique : elle se fortifiait par la fréquentation des petites filles qui savaient faire varier ce plaisir d’une foule de manières.