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APPENDICE

plus aussi. Bientôt nous fûmes fiancés. Mais, à cause des circonstances matérielles, nous ne nous pressions pas de conclure le mariage et alors survinrent des incidents malheureux qui détruisirent mon bonheur espéré. Je fus envoyé par ma direction à Naples, avec plusieurs collègues, pour y étudier l’installation éventuelle d’une usine électrique et l’adduction, également éventuelle, des forces motrices dont la source se trouvait dans les montagnes voisines. Je me trouvais pour la première fois dans cette ville, la plus voluptueuse, je crois, de toute l’Europe, sans en excepter Munich, Paris et Berlin. Il s’y fait, notamment, un très grand trafic de petits garçons et de petites filles, et cela très ouvertement : vous achetez quelque chose dans une boutique et voilà que le marchand, à mine parfois respectable, vous propose de vous faire voir une fillette de 12 ans, de 10 ans, de 8 ans ! Des entremetteurs accostent dans la rue les étrangers en leur recommandant cette marchandise-là ou encore des petits garçons. Des familles qui ne sont pas dans la misère, qui ont une certaine position, des petits boutiquiers, des petits employés, des tailleurs, cordonniers, etc., trafiquent ainsi de leurs filles impubères. Pour un prix modéré, 20, 30 ou 40 francs, on ne permet que de s’amuser ou jouer avec elles ; si on veut les déflorer, cela coûte des prix plus élevés, des centaines ou un millier de francs, selon la position sociale de la famille. En y mettant le prix, on peut quelquefois se donner cette satisfaction, même dans les familles tout à fait « comme il faut », en apparence. Au théâtre, vous admirez une dame élégante, entourée de sa famille, dans sa loge. Remarquant votre enthousiasme, votre voisin de fauteuil vous dit qu’on pourrait avoir cette dame pour un prix pas trop élevé et vous propose de servir d’introducteur auprès d’elle ! C’est une population éminemment pratique que les Napolitains : ils font argent de tout, excepté du travail : cette dernière source de revenus ne leur dit rien qui vaille ! Le grand théâtre de San Carlo a un grand ballet qui se représente indépendamment des opéras. Plusieurs centaines d’enfants des deux sexes font partie de la troupe de ce ballet : c’est une vaste institution de prostitution infantile.