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L’ÉTAT PSYCHIQUE PENDANT LA GROSSESSE

et l’activité sexuelle se développe rapidement. Je parle surtout de l’érotisme antérieur à la puberté, car, à partir de la puberté, il est peut-être impossible de retarder par l’ignorance le développement de la libido (bien que j’en doute un peu, voyant que, dans certains pays, les jeunes gens, maintenus dans l’ignorance sexuelle, restent chastes longtemps, tandis que dans d’autres, comme la France et l’Italie, ils savent tout de très bonne heure et, de bonne heure aussi, se livrent aux excès sexuels. Mais la question est complexe et je n’insiste pas.) Il ne faut pas oublier que les images et les idées qui n’ont aucune action érotique sur l’adulte (notions anatomiques et physiologiques, etc.) peuvent exciter violemment un enfant. Voyez dans les bibliothèques publiques où les enfants sont admis, dans quel état sont les pages des dictionnaires encyclopédiques relatives aux phénomènes sexuels. Ce n’est pas par amour de la science que les enfants les lisent avec une telle passion !

Mon expérience m’a montré aussi que, seule, l’activité de l’imagination rend l’abstinence difficile. Si, par suite de quelque circonstance, l’imagination est détournée des choses sexuelles, on réprime facilement l’excitation purement physique. C’est pour cette raison aussi que l’abstinence est beaucoup plus facile à un homme vierge qu’à celui qui connaît déjà la femme : le souvenir présente au second des images trop vives et trop précises. Nulle part l’importance du premier pas n’est aussi grandie que dans l’activité sexuelle qui, dans l’espèce humaine, s’est prodigieusement imprégnée de facteurs psychiques.

Mes 11 années de chasteté ont été les plus heureuses de ma vie ou, pour mieux dire, les moins malheureuses. Car quelque chose me manquait et je n’aurais été heureux (peut-être !) que si j’avais été marié (bien marié, naturellement). J’aspirais au mariage moins encore pour pouvoir satisfaire, sans danger ni ennuis, mes besoins corporels qu’en vue de la satisfaction de mes besoins affectifs. Mais l’occasion ne se présentait pas. Finalement, à 31 ans, j’ai rencontré une demoiselle italienne de 27 ans, qui me convint, me plut, et à laquelle je