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En même temps Azim-Khan, gouverneur de Cachemire, et l’un des frères de Fethi-Khan, s’installait à Caboul et rappelait Schah-Choudja de l’exil ; mais il était écrit que la mauvaise fortune poursuivrait sans relâche ce malheureux prince. Au moment où il allait recevoir officiellement les propositions d’Azim-Khan, Choudja insulta gravement un des envoyés de ce dernier et fit connaître ses idées gouvernementales, de telle façon qu’Azim-Khan résolut de se donner pour maître un souverain plus complaisant. Eyoub, frère de Choudja, s’étant présenté sur ces entrefaites, fut placé sur le trône et y resta quelques années, véritable roi fantôme, sans initiative et sans pouvoir, instrument docile des volontés d’Azim-Khan qui portait le titre de vizir. Quant à Schah-Choudja, il se retira d’abord à Schikarpoor, puis à Loudiana où il vécut d’une pension qui lui était accordée par le gouvernement anglais.

Sur ces entrefaites des troubles éclatèrent de tous côtés en Afghanistan, et les Sicks profitèrent de ces désordres intérieurs pour enlever la province de Cachemire et se rendre maîtres absolus de la rive gauche de l’Indus ; en 1822, Rendjüt-Sing porta même ses armes de l’autre côté du fleuve, battit complètement les Afghans à Nouchero et s’empara de Peschawar.

Azim-Khan, cruellement affecté par ces désastres, ne put survivre aux malheurs de son pays ; sa mort fut le signal de nouvelles guerres civiles ; Eyoub s’enfuit à Lahore, et avec ce prince s’évanouit cette monarchie des Douranis, qui, fondée par Ahmed-Schah, avait, à son début, donné à l’Afghanistan tant de jours de gloire et de prospérité ; elle avait duré soixante-seize ans ; les frères d’Azim-Khan se disputèrent avec acharnement les débris du royaume, et après de longues années de luttes sanglantes, l’un d’eux, Dost-Mohammed, monta sur le trône de Caboul. Nous verrons se dérouler les événements qui se sont passés sous son règne et celui de son successeur Schere-Ali, dans le chapitre suivant, tout en examinant les relations des puissances européennes et notamment de l’Angleterre avec les souverains de l’Afghanistan.

VIII.

RELATIONS POLITIQUES DE L’ANGLETERRE AVEC L’AFGHANISTAN, DEPUIS LE COMMENCEMENT DU XIXe SIÈCLE JUSQUES ET Y COMPRIS LES ÉVÉNEMENTS QUI ONT AMENÉ LE CONFLIT ACTUEL.

Depuis la plus haute antiquité, disait Abou-Jfazil à la fin du XVIe siècle, Caboul et Candahar ont été regardées comme les portes de l’Hindoustan, l’une y donnant accès du côté du Touran, l’autre du