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la nation et de son indépendance ; de ce moment elle s’affirme et prend place parmi les grands états de l’Asie.

Timour, fils et successeur d’Ahmed-Schah, transporta à Caboul le siège du gouvernement. Ce prince n’avait aucune des qualités de son père ; il sut cependant se maintenir sur le trône jusqu’à sa mort (1793), grâce à un système de concessions perpétuelles.

À sa mort commence une longue série de compétitions et de luttes intérieures qui ne s’est terminée qu’au milieu du siècle actuel.

Timour laissait six fils : Humayoun, Firouz, Mahmoud, Eyoub, Zeman, Abbas et Choudja. Leur père n’avait fait de dispositions en faveur d’aucun d’eux et la lice était ouverte. Une intrigue de la reine fit monter Zeman sur le trône ; Humayoun et Abbas, les premiers qui se révoltèrent, furent chassés ; puis vint le tour de Mahmoud, qui d’abord ne fut pas plus heureux. Humayoun, soulevé de nouveau, perdit la vue et alla passer le reste de sa vie dans une prison. Le Khorassan et l’Inde attaqués, l’un par les Persans, l’autre par les Sicks, occupèrent Zeman jusqu’en 1797 ; il battit alors Mahmoud, que sa première défaite n’avait pas découragé. De 1798 à 1800, nouvelles expéditions des Persans conduits par Feth-Ali, accompagné de Mahmoud, expéditions aussi infructueuses les unes que les autres. Mahmoud, obligé de fuir devant Zeman, fut rappelé par Fethi-Khan, de la famille Barikzeye. À son instigation Mahmoud abandonne les secours étrangers, entre sur le territoire afghan, pénètre dans Candahar, débauche une partie des troupes de Zeman ; celui-ci fuit devant son adversaire et lui est livré par un mollah chez lequel il avait cherché un asile. Mahmoud lui fait crever les yeux et le relègue dans le Bala-Hissar. Pendant qu’il était retenu dans la demeure du mollah, ce prince avait eu le temps de cacher dans l’épaisseur d’un mur le fameux diamant Kouih-Nour (montagne de lumière), et plusieurs autres pierres précieuses ; elles y furent retrouvées par son frère Choudja[1]. »

Mahmoud, proclamé schah, ne fut pas longtemps sans se voir attaquer de nouveau. Choudja, l’un de ses frères, qui s’était retiré à Peschawar, résolut de s’emparer du pouvoir ; c’est alors, pendant près de vingt années, une série de luttes sanglantes se continuant avec les alternatives les plus extraordinaires de succès et de revers pour chacun des deux partis.

Choudja entra en campagne à la tête de 15,000 hommes ; dès la première affaire son grand vizir Akran est tué et son armée mise en complète déroute par Fethi-Khan, commandant des troupes de son adversaire, qui n’avait cependant sous ses ordres que 2,000 combattants. Choudja s’enfuit précipitamment dans les montagnes du

  1. M. Perrin, L’Afghanistan.