Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 80 —

renversait le dernier des souverains afghans de ce pays, Ibrahim-Lodi, tué à la bataille de Panibet. Baber fit de Caboul le siège de son gouvernement.

À la mort de ce conquérant, célèbre par ses triomphes, aussi bien que par l’étendue de son intelligence et l’éclat de ses vertus, son empire fut divisé entre ses deux fils : l’un gouverna à Caboul, l’autre régna sur l’Inde, avec Delhi pour capitale.

Un khan afghan, du nom de Sehre-Schah, renouvela bientôt les exploits de Melik-Belhol, et, chassant de son trône le successeur de Baber, fonda dans l’Inde une nouvelle dynastie patane, monarchie éphémère, qui succomba presque aussitôt sous les attaques du prince dépossédé. Le souverain de Caboul étant mort, l’héritier de Baber, régnant à Delhi, eut un instant entre les mains tout l’empire de son père ; Delhi en devint la capitale officielle, et la dynastie des Mogols conserva sa puissance jusqu’au siècle dernier. Peu à peu cependant l’autorité de la maison de Timour sur l’Afghanistan proprement dit se restreignit à une partie des plaines et des vallées qui avoisinent l’Indus ; la partie méridionale du pays fut acquise par la Perse, et les habitants des montagnes s’affranchirent de toute autorité étrangère.

Le royaume de Candahar, placé entre les deux empires rivaux de la Perse et de l’Inde, convoité par l’un et l’autre et protégé par chacun, dut à sa situation particulière de conserver son indépendance pendant un certain temps. Cependant Abbas le Grand, qui régnait en Perse au commencement du XVIIe siècle (1583 à 1628) parvint à faire reconnaître sa protection par le souverain de Candahar ; de là à une annexion il n’y avait qu’un pas : aussi dès 1650 Abbas II, deuxième successeur d’Abbas le Grand, s’établissait en maître à Candahar, et ce fut inutilement que les Mogols vinrent à trois reprises différentes assiéger cette place : elle resta au pouvoir de la Perse jusqu’en 1714.

À cette époque, un chef puissant des Afghans nommé Mir-Veïs, fomenta une insurrection formidable dans tout le pays, massacra le gouverneur persan, chassa son armée et finalement se fit proclamer roi. Son successeur, Mahmoud, porta la guerre en Perse, s’empara d’Ispahan on 1722, et réunit tout le pays à son autorité. Mahmoud périt assassiné par un de ses cousins, et sa mort fut l’occasion de troubles terribles dans toutes les contrées soumises à sa domination. Pendant ce temps s’était formé un parti puissant qui n’avait d’autre but que de chasser l’étranger du sol de la patrie : profitant des désordres qui suivirent la mort de Mahmoud, le chef de ce parti, Nadir, qui devait devenir célèbre sous le nom de Nadir-Schah, suscita une révolte contre le prince afghan et le força à se retirer à Candahar.