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grandeur s’était maintenue sous le règne de Chehab-Eddin, s’écroula tout à coup à la mort de ce monarque. Par son testament, ce prince partagea en effet ses possessions entre deux de ses favoris, Kothb-Eddin-Aïbek et Tadji-Eddin-Ildouz ; le premier reçut le gouvernement de l’Inde et le second celui des provinces situées sur la rive droite de l’Indus.

Kothb-Eddin et ses successeurs furent les maîtres de l’Hindoustan jusqu’en 1525, et ce pays resta ainsi pendant plus de 300 ans (1185 à 1525) sous la domination des Afghans. Leur puissance fut anéantie alors par l’invasion des Mogols. Ces peuples que nous voyons franchir l’Hindou-Koh et descendre sur les bords du Sindh dès l’an 1221, sous la conduite de Tchinghiz-Khan, réapparaître plus nombreux encore en 1400 avec Timour (Tamerlan), entreprirent en effet la conquête de l’Inde au commencement du xvie siècle et fondèrent le grand empire des Mogols, qui s’est maintenu jusqu’au xviiie siècle, et dont le sultan Baber fut le premier chef.

Quant aux provinces situées sur la rive droite de l’Indus, elles furent bientôt enlevées à Tadji-Eddin par le sultan du Kazirim, des mains duquel elles passèrent entre celles de Djellal-Eddin, son successeur naturel, qui les perdit lui-même presque aussitôt, écrasé par l’invasion mogolique de 1220. Tous les pays afghans proprement dits sont alors placés sous la domination tartare, et la plus profonde obscurité enveloppe leur histoire intérieure pendant de longues années.

« Cependant le nom de Patan n’en acquérait pas moins au dehors une notoriété toujours plus grande par les hauts faits de quelques chefs et de leurs tribus. Plusieurs d’entre elles, quittant les demeures que leur avait assignées Chehab-Eddin, étaient descendues dans les plaines du Pendjab pour venir chercher fortune au service des empereurs de Delhi. Au milieu du xve siècle, on vit un chef puissant, de la tribu de Lodi, Melik-Belhol, renverser l’empereur régnant et s’asseoir sur le trône de Delhi, où sa dynastie se maintint jusqu’à la conquête de Baber. Au règne de Belhol se rattache l’établissement dans l’Inde d’une multitude de clans afghans, appelés par lui pour se fortifier dans le pays[1]. »

En 1506, Baber, petit-fils de Timour, dut abandonner ses états du Turkestan et se créa, par les armes, un royaume au sud de l’Amou-Daria. Il établit son autorité sur tout le pays situé entre ce fleuve et l’Hindou-Koh ; puis, traversant ces montagnes, il conquit rapidement le Caboulistan et toute la région qui s’étend sur la rive droite de l’Indus. Bientôt il pénétrait dans l’Inde, et, en 1525, il

  1. M. Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire de géographie universelle.