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repoussées à leur tour par un nouveau flot d’envahisseurs, les Turcs cette fois, vers 571.

Quels furent au milieu de tous ces bouleversements le rôle et l’attitude des tribus afghanes qui habitaient déjà ces contrées ? quel était le degré de leur civilisation ? quelle était leur religion ? Restèrent-ils longtemps idolâtres ou bien juifs ? devinrent-ils sectateurs de Bouddha avec les Indo-Scythes ? Ce sont autant de questions qui n’ont pas encore été résolues jusqu’à ce jour.

Convertis à l’islamisme aussitôt après la conquête des Turcs, les Afghans prêtèrent pendant les premiers siècles de l’hégire leur concours aux vainqueurs. Les uns, habitant les montagnes du nord-est de l’Afghanistan actuel, obéissaient à la dynastie arabe des Samanides établie à Bockhara, et dont le représentant siégeait à Ghazni ; les autres, répandus dans les vallées des monts Soleïman et de toutes les montagnes du sud-ouest dites de Ghore, formaient un royaume dont le souverain descendait, d’après Elphinstone, de Zoâk, l’un des plus anciens monarques de la Perse.

Vers le commencement du XIe siècle, le gouverneur de Ghazni se révolta contre son suzerain et se rendit indépendant. Ce fut le fondateur de cette dynastie des Ghaznévides, qui brilla bientôt d’un si vif éclat sous le règne de Mahmoud. Mahmoud commença par détrôner le souverain qui régnait sur les tribus afghanes répandues dans les montagnes de Ghore (dynastie des Ghourides) et s’annexa ses états. Portant ensuite ses armes victorieuses dans la Perse et dans l’Inde, il créa un vaste empire dont la puissance ne fit que grandir pendant 250 ans.

Un prince ghouride, Chehab-Eddin Mohammed al Ghori, renversa en 1186 le trône des Ghaznévides, et rétablit le siège du gouvernement à Ghazni, d’où il avait été transporté précédemment à Lahore.

« Sous son règne, il se fit un grand déplacement des tribus occidentales. Peu de temps après son accession au trône, le sultan ordonna en effet à ses premiers omras de faire sortir tous les Afghans des districts montagneux de l’ouest et de les établir dans les montagnes les plus rapprochées de Ghazni, afin, dit la chronique nationale, qu’ils y devinssent les gardiens du siège de l’empire et qu’ils tinssent en respect les infidèles de l’Hindoustan. Cet ordre fut exécuté. Tous les Afghans quittèrent le Kohistan (ou haut pays) de Ghore, et reçurent de nouveaux établissements dans le territoire qui s’étend de Ghazna au Sindh, depuis Badjour et Peschawar jusqu’aux confins de Bakkar dans le Sindh. Ceci est une époque remarquable dans l’histoire des pays Afghans[1]. »

Ce vaste empire, fondé par la dynastie des Ghaznévides et dont la

  1. M. Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire de géographie universelle.