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ce temps les Afghans sont quelquefois appelés Pathans, et c’est sous ce nom qu’ils sont communément connus dans l’Inde[1].

« Après la campagne de Khalid, les Afghans retournèrent dans leur pays natal et furent gouvernés par un roi de la lignée de Kaïani ou de Cyrus, jusqu’au onzième siècle, époque à laquelle ils furent subjugués par Mahmoud le Ghaznévide[2]. »

Ce n’est guère qu’à partir de ce moment que nous pouvons suivre réellement la marche des Afghans. Mais si, nous arrêtant un instant, nous nous retournons en arrière, que de grands faits historiques, d’événements immenses, ne voyons-nous pas se dérouler devant nous dans ces régions de l’Asie centrale, qui depuis les premiers âges du monde ont été les témoins ou ont reçu le contre-coup de toutes les grandes convulsions des peuples. Près de 2,000 ans avant l’ère chrétienne, ce sont les tribus ariennes qui, franchissant l’Hindou-Koh et ses ramifications méridionales, se précipitent comme un torrent impétueux dans la vallée du Caboul-Daria, pour se répandre de là dans les riches plaines de l’Inde. Un demi-siècle avant Jésus-Christ, Cyrus pénètre dans le bassin de Cophès (la rivière de Caboul des anciens) et détruit de fond en comble la ville de Capissa, située à une vingtaine de lieues au nord de Caboul.

Bientôt Darius soumet à ses armes et rattache à l’empire des Perses les vallées du Caboul-Daria et de l’Helmend, et dans la répartition qu’il fait de ses conquêtes nous voyons le pays des Afghans former deux satrapies, la septième est représentée à peu près par le bassin de la rivière de Caboul et la quatorzième par celui de l’Helmend.

Plus tard, Alexandre s’empare de Hérat (330-327 avant notre ère), fonde Candahar, agrandit et fortifie Caboul, y établit une colonie de vétérans et part de là pour annexer à son immense empire les pays situés au nord de l’Hindou-Koh et au sud de l’Indus. Deux cents ans après, une invasion de barbares d’origine tibétaine fond sur l’empire des Séleucides et envahit la Bactriane. Refoulées à leur tour par le flot sans cesse croissant des bordes qui les suivent, ces bandes franchissent l’Hindou-Koh l’an 16 avant Jésus-Christ, et s’établissent à demeure dans tout le pays compris entre cette chaîne de montagne et la vallée de l’Indus, sur les ruines des colonies grecques. Ce sont les Indo-Scythes, peuplades vaillantes, laborieuses, instruites, dont l’empire dura plusieurs siècles, et qui furent

  1. C’est la première fois, ajoute le capitaine Burnes, que j’entendais donner une telle explication de ce mot. D’après M. Perrin, le nom de Pathan ou Patan serait un dérivé du verbe hindi Paitna, qui veut dire s’élancer, et il aurait été donné aux Afghans par Mahmoud le Ghaznévide, à cause de l’impétuosité de leurs charges.
  2. Capitaine Burnes, traduction de M. Eyriès.