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le jour, croyant que le cheval en dort mieux la nuit. On ne promène jamais un cheval en le faisant aller et revenir, mais on le monte, ou bien on le fait tourner en cercle jusqu’à ce qu’il n’ait plus chaud. Dans cette saison (au printemps) on ne lui donne pas de grain on le nourrit avec de l’orge verte qui n’est pas encore en épi. On fait toujours un nœud à la queue du cheval ; on tient en tout temps sa croupe couverte d’un feutre très-propre, souvent bordé de soie, et retenu par la croupière. Les Afghans prennent le plus grand soin de leurs chevaux, mais ils ne les régalent pas d’épiceries, comme on le fait dans l’Inde, et les ont toujours en très-bon état. » La selle est en bois, d’une extrême légèreté, rembourrée de coton et recouverte de velours ; sous la selle se place un coussinet en feutre appelé khogyr ; un simple filet sert à guider le cheval. »

En route, dans les haltes, la moitié des cavaliers ont toujours la précaution de rester à cheval pour veiller à la sécurité du gros de la troupe. Au camp ou bivouac, on attache les chevaux par groupes de 8 ou 10 seulement, à deux cordes qu’on fixe parallèlement l’une à l’autre par des piquets.

En 1809, Schah-Coudja, l’un des derniers souverains de l’Afghanistan, n’avait que cinq canons, lors de sa campagne de Peschawar ; aujourd’hui l’artillerie afghane forme au moins dix batteries de campagne. On évalue à 100 le nombre de ses pièces légères, et pareil nombre de bouches à feu serait en réserve dans les arsenaux ; de plus, les places fortes renfermeraient un matériel considérable de gros calibre.

La canonnade du 30 novembre dernier au Peïwar, où l’artillerie afghane, par la précision et le sang-froid de son tir, a tenu un instant en arrêt toute la colonne du général Roberts, montre que si elle était toujours entre les mains de chefs habiles, cette artillerie constituerait une force sérieuse avec laquelle il faudrait compter.

En dehors de l’artillerie de campagne proprement dite, il existe aussi en Afghanistan une espèce d’artillerie de montagne composée de petites pièces appelées zambourek, qui sont portées à dos de chameau.

Telle est, d’après les données les plus récentes, l’armée que le souverain de l’Afghanistan pouvait lever au début de la guerre ; armée composée d’éléments courageux et solides et dont une partie a une instruction militaire qu’on ne saurait dédaigner. Mais il est dans le caractère de toute nation comme de tout individu d’affecter toujours le mépris le plus complet pour son adversaire, comme s’il ne serait pas, au contraire, plus habile et plus avantageux d’en reconnaître et même d’en exalter les qualités. N’y a-t-il pas, en effet, d’autant plus de mérite à se mesurer avec un ennemi, qu’on le sait