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Grâce à leur instinct de la guerre, les afghans forment des tirailleurs excellents ; peu habiles dans les manœuvres en ligne, si on les compare aux troupes européennes, ces soldats n’en sont pas moins très-solides au feu, et ils constitueraient, même en rase campagne, un élément réellement redoutable s’ils étaient dirigés par des chefs plus capables et plus expérimentés que leurs officiers, qui font consister toute la tactique dans la valeur personnelle.

Les régiments de cavalerie sont formés à quatre escadrons de 100 hommes chacun, ce qui donne un effectif de 6,400 hommes de troupe régulière de cette arme. À ce chiffre, il faudrait ajouter les contingents de khanats du nord, qui fournissent aussi des combattants incorporés en tous temps.

La cavalerie régulière a conservé le costume national ; elle est armée du sabre, du fusil et de la lance ; quelques régiments possédaient déjà avant la guerre des carabines rayées se chargeant par la culasse. Chaque homme porte avec lui ses provisions de pain et de craout (fromage sec), dans une sorte de besace, et son eau dans une grande bouteille en cuir.

L’instruction de la cavalerie est de beaucoup plus développée que celle de l’infanterie : individuellement, le cavalier afghan peut rivaliser avec les meilleurs écuyers du monde ; en masse, la cavalerie afghane a donné de nombreuses preuves de son audace, de sa solidité, de son intelligence, et la charge légendaire de Purwandurrah lui a conquis le droit de figurer parmi les plus brillantes cavaleries de la terre.

Les cavaliers afghans achètent eux-mêmes leurs montures et en restent propriétaires. Les chevaux se recrutent chez les Ouzbegs et chez les Turkomans qui vivent sur les bords de l’Oxus ; on en prend aussi une certaine quantité dans les environs d’Hérat. Le principal marché en est à Balkh ; on y trouve deux espèces également estimées pour des services différents l’une, qu’on appelle turck ou ousbeg, est de petite taille, mais vigoureuse, infatigable : c’est la vraie race du cheval de montagne ; elle vient des environs de Balkh et de la Bouckharie ; l’autre, qui reçoit la dénomination de turcomane, est plus grande, et cette qualité la fait rechercher beaucoup pour les chevaux d’armes. Dans le pays, un cheval turck vaut de 200 à 500 francs ; un turcoman, de 500 à 2,500 francs.

Les chevaux de Hérat sont d’une grande beauté et sont fort recherchés ; mais leur prix excessivement élevé fait qu’ils ne peuvent être employés à la remonte de la cavalerie.

« Rien ne frappe plus un étranger dans ce pays, dit le capitaine Burnes, que la manière de soigner les chevaux, car elle diffère beaucoup de celle de l’Inde. Jamais on ne leur ôte la selle pendant