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néraux qui s’étaient particulièrement distingués devant l’ennemi, ou auxquels il voulaient confier la commandement en chef d’une armée.

L’artillerie est sous les ordres d’un chef spécial, le chainchi-bachi, d’autres disent le toptchi-bachi.

Les titres des autres officiers sont empruntés à l’armée anglaise et se sont conservés presque sans altération ; ainsi on trouve les grades de coronel, midjir, etc., qui correspondent évidemment à ceux de colonel, major, etc.

L’organisation intérieure des corps de troupe de l’armée active afghane a été calquée sur celle de l’armée des Indes. L’instruction y a été donnée par des déserteurs anglais ; les commandements mêmes s’y font en anglais. La discipline y est fort sévère ; le pouvoir du supérieur sur ses subordonnés est à peu près illimité. Les officiers et les hommes de troupe sont logés aux frais de l’état ; ils habitent avec leurs familles dans des maisons ou des bâtiments appropriés à cet effet. En dehors de la solde, les soldats reçoivent des vivres en nature, l’armement et l’équipement.

En campagne, les troupes n’emportent avec elle que ce qui est absolument indispensable : peu de campement, quelques rechanges, l’eau et le fourrage, le tout porté à dos de chameau ou de mulet. Presque jamais on ne fait en route de distribution de vivres ; chaque colonne est suivie d’un petit bazar : c’est là que le soldat doit s’approvisionner. Les hommes sont du reste habitués à pourvoir d’eux-mêmes à leur subsistance ; ils se contentent de peu et ils savent à merveille trouver ce qui leur est nécessaire là où un Européen ne découvrirait absolument rien ; et s’ils ne peuvent manger un jour, ils attendent au lendemain sans se plaindre ni murmurer.

Les femmes et les enfants ne suivent pas l’armée dans ses expéditions.

Les régiments d’infanterie sont numérotés de 1 à 57. Leur armement, à peu près uniforme, se compose d’un fusil rayé de modèle récent, d’un sabre-baïonnette ou d’un sabre recourbé, et généralement d’un poignard. La tenue consiste en une sorte de tunique de coton bleu, à larges plis, et en un pantalon de même couleur ou blanc, court et collant. La chaussure est une espèce de sandale sur laquelle repose le pied nu ; la coiffure est le bonnet persan noir ou une calotte rouge ou verte. L’homme porte avec lui ses munitions, son eau, un peu de pain ou de grain et du fromage durci.

L’effectif normal du régiment d’infanterie est de 650 combattants, ce qui représente un total d’environ 37,000 hommes pour les 57 régiments.

En route, l’infanterie est formée en colonne compacte, en troupeau ; la journée de marche est ordinairement de 20 à 24 kilomètres, l’allure est vive, on ne voit presque jamais de traînards.