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l’égard de leur khan, mêlée incontestablement à celle d’une suprématie patriarcale naturelle, le premier sentiment prédomine toujours, et il est rare que les intérêts personnels d’un khan puissent entraîner une tribu à un acte contraire à son honneur et à son avantage[1]. »

Les tribus que les circonstances poussent à la guerre contre d’autres tribus, ou celles qui ont des motifs pour redouter une agression étrangère, forment avec les peuplades voisines une fédération. Les djirgas des alliés se réunissent alors en assemblée pour discuter les mesures à prendre ; certaines tribus ont même des alliances permanentes.

2° ORGANISATION MILITAIRE.

L’organisation militaire de l’Afghanistan reflète l’organisation politique de ce pays ; elle est surtout féodale et varie suivant les régions.

Dans les possessions immédiates de l’émir, nous trouvons une armée régulière de 40,000 à 50,000 hommes, comprenant des troupes d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie, constituées en régiments, bataillons, escadrons ou batteries, disciplinées, instruites, armées, équipées, soldées d’après les principes admis en Europe, et qui, en cas de guerre, peuvent être renforcées par de nombreuses réserves. Ces différents éléments sont répartis dans un certain nombre de places où ils tiennent garnison, notamment à Caboul, Hérat, Candahar, Djellallabad et Ghazni. Au nord de l’Hindou-Koh, un petit corps d’armée d’environ 10,000 hommes, formé de troupes ousbegs, est stationné dans les villes de Balkh, de Kunduz et de Khulm, et chargé de la protection de la frontière qui s’étend le long de ces districts et de la surveillance des gués de l’Oxus. Le gouverneur afghan de Balkh en est le commandant supérieur.

Dans les khanats de Maïmena et de Thiborgan, dans le Badakhschan, et le Wakhan, il ne paraît y avoir encore que des troupes organisées et instruites d’une façon toute primitive ; elles sont soumises à l’obligation de se mettre en campagne au premier appel de l’émir de Caboul ; le chiffre exact de leur effectif est inconnu, mais il ne paraît pas devoir être inférieur à 25,000 ou 30,000 hommes.

Enfin, les tribus indépendantes peuvent fournir un contingent de cavaliers irréguliers et de fantassins qu’on n’évalue pas à moins de 100,000 hommes. Là, en effet, tout homme naît pour combattre et chacun est debout au premier appel, prêt à partir, rangé par familles, encadré par tribu. La vie d’aventures commencée dès l’en-

  1. M. Perrin, L’Afghanistan.