Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 66 —

Musulman et musulman sunnite, à la tête d’une population en grande partie sunnite, Schere-Ali trouva dans cette dignité, qui est la plus haute de toutes celles que peut conférer le sultan, une consécration imposante de son autorité. Lorsqu’il la sollicita, c’était à l’époque où l’idée d’une alliance pan-islamite, sous l’hégémonie des khalifes, était fort en honneur à Constantinople ; le sultan venait d’accorder le titre d’émir à Yacoub-Bey, cet aventurier qui fonda, il y a une quinzaine d’années, le royaume de Kachgar, et, comme lui, Schere-Ali obtint sans grand’peine cette haute faveur, objet de son ambition.

Ce titre d’émir, si vénéré par tout vrai musulman, place bien, en théorie, celui qui en est revêtu sous l’autorité du sultan ; mais nous avons vu, il y a quelques mois à peine, de quelle manière Schere-Ali sut tourner la difficulté de cette situation, et comment, en demandant les avis de son suzerain, il lui donnait des conseils ; possesseur du titre et de la considération qui s’y rattache, il ne paraît pas s’être cru lié à autre chose envers son seigneur qu’à une démarche de pure courtoisie, et s’est toujours réservé une entière liberté d’action.

L’émir est le protecteur de toute la confédération afghane ; il commande en chef les armées, lui seul peut déclarer la guerre, faire la paix, conclure les traités, etc. En ce qui concerne ses possessions immédiates, il est revêtu de l’autorité d’un monarque absolu ; pour ce qui est de tous les états annexes, khanats ou tribus, il les dirige sans s’immiscer dans leur gouvernement intérieur.

Un premier ministre, qui porte le titre de vizir-azem ou grand vizir, a la haute main sur toutes les affaires du pays, relations extérieures, administration intérieure, finances, etc. Parmi les autres fonctionnaires de l’état, je citerai le mir-ackhar, ou maître de la cavalerie ; le chaïnchi-bachi, ou maître de l’artillerie ; le mounchi-bachi, ou premier secrétaire de l’émir ; le herkarah-bachi, ou directeur des nouvelles (chef des messagers ou des postes) ; le nasakchi-bachi, ou grand juge ; l’iman de l’émir, ou prêtre attaché à la maison du souverain, et le premier cheick-ul-islam, ou grand chancelier.

Au point de vue administratif, on s’accorde généralement à diviser l’Afghanistan en neuf provinces, qui sont le Caboulistan, la province de Candahar, le Seïstan, la province ou vice-royauté de Hérat, la province de Balk comprenant les khanats du nord (Balk, Khulm, Kundouz, Andkoi, Maïmena), le Turkestan afghan, le Badahskan, le Wackhan, et le Kafiristan. Ces provinces sont subdivisées en districts et sur chacune d’elles viennent se greffer un certain nombre de tribus plus ou moins indépendantes.