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vallée de l’Ab-i-Vardoj, elle se dirige sur Chitral, et de là sur Mastuji.

D’autres routes mettent également Caboul en communication avec le haut Afghanistan ; je citerai celle qui se dirige sur Kunduz par le défilé de Khawak. Ce chemin traverse les villes de Istalif, Charikar, Guibahar, franchit l’Hindou-Koh par la gorge de Khawak, élevée de 4,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, descend dans le bassin de l’Amou-Daria en passant par Indérabad, Narin, le fort Afzalkhan, et arrive à Kunduz.

Istalif, chef-lieu du Kohistan, est située à 45 kilomètres au nord de Caboul, sur un affluent du Caboul-Daria, dans une vallée si fertile, si tempérée et si belle qu’on l’appelle le « Jardin de l’Afghanistan oriental. » Autrefois c’était, comme Ghazni, une citadelle réputée imprenable ; mais, prise et détruite par les Anglais en 1842, elle n’est plus aujourd’hui qu’une petite ville sans importance.

Kunduz est bâtie sur la rive droite de l’Akseraï, à une quarantaine de kilomètres de l’Amou-Daria. Le climat, d’après Burnes, en est très-insalubre. Un proverbe oriental dit : Si tu as envie de mourir, va à Kunduz. « La plus grande partie de la vallée est si marécageuse que les chaussées sont posées sur des piles de bois et traversent les roseaux. On dit que la chaleur y est intolérable ; néanmoins la neige y couvre la terre pendant trois mois. Jadis Kunduz fut une ville considérable, mais sa population actuelle est au plus de 1,500 âmes ; quiconque peut aller vivre ailleurs n’y demeure pas, quoique ce soit le centre d’approvisionnement de la contrée, le gouverneur n’y réside qu’en hiver. il y a un château qui est entouré d’un fossé et la place est assez forte ; les murailles sont en briques séchées au soleil ; l’excès de la chaleur les fait tomber en poussière et on est obligé de les réparer continuellement. Les montagnes de l’Hindou-Koh, couvertes de neige, sont au sud et en vue de Kunduz ; les monts les plus rapprochés sont des faîtes bas, tapissés d’herbes et de fleurs, mais dépourvus d’arbres et même de broussailles. En remontant un peu dans la vallée, le climat devient plus salubre, et les habitants parlent avec ravissement des bocages, des ruisseaux, des fruits et des fleurs du Badakhschan[1]. »

De Kunduz une route se dirige vers le nord sur Samarkand et Taschkend, en passant par Sayad et Hissar.

Tout à fait au nord de la vallée du Kunar se trouve la passe de Baroghil qui met en communication le bassin du haut Oxus avec ceux du Caboul-Daria et de l’Indus supérieur.

  1. Burnes, Voyage en Boukharie, traduction de M. Eyriès.