Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

elle fut réunie ensuite à la Perse ; conquise par les Afghans en 1715, reprise par les Perses en 1731 et par les Afghans en 1749, elle forma, à partir de cette époque, un état semi-indépendant nommé le royaume d’Hérat.

En 1833 la Perse essaya de nouveau de s’annexer ce territoire ; mais, ainsi que je l’ai dit au commencement de cette étude, elle dut renoncer a ses prétentions sur ce pays a la suite du traité signé à Paris en 1857 et intervenu entre le schah de Perse et la reine d’Angleterre. Depuis lors, Hérat est resté attachée à l’Afghanistan.

Un récent article publié par le colonel Wachs dans le Militârisches Wochenblatt, tend à démontrer que rien ne sera fait dans l’Asie centrale tant qu’Hérat n’aura pas été pris, et qu’en revanche celui qui aura conquis Hérat sera maître et de l’Afghanistan et des approches de l’Inde. « Quand les portes d’Hérat sont fermées, dit l’écrivain militaire allemand, le commerce s’en ressent sur Indus aussi bien qu’à Boukhara et à Téhéran. La Russie à beau régner à Taschkend et dominer à Khiva, elle ne saurait poursuivre ses progrès sur l’Oxus sans être assurée auparavant de la possession d’Hérat. Mais, d’autre part, si Hérat tombe entre ses mains, il n’y aura pas un bazar de l’Hindoustan où la prépondérance de la Russie ne soit proclamée, en même temps que l’abaissement de la puissance anglaise.

« Si Hérat est la clef de Inde, Merw est la clef d’Hérat. L’oasis de Merw, située à 220,000 milles au N. d’Hérat et à 140,000 milles du cours de l’Oxus, ouvre une route assez facile sur Hérat, et de là sur Candahar. Ces deux dernières villes forment avec Caboul une sorte de triangle stratégique, faute duquel on ne peut se flatter de tenir l’Afghanistan. »

L’écrivain du Militârische Wochenblatt rappelle ensuite que « parmi les ressources de la Russie, parmi les voies qui lui permettent de pénétrer au cœur de l’Asie centrale, il faut compter la Caspienne, cet immense lac intérieur exclusivement sillonné par le pavillon russe. À l’extrémité S.-E, de cette mer, se trouve un point de débarquement, Achour-Ada, qui forme comme la tête de ligne de plusieurs routes ouvertes sur Hérat par la vallée de l’Atreck. La distance des deux villes est à peu prés de 450 milles.

« Quelle force n’aurait pas une double expédition conduite à la fois de la Caspienne et de l’Amou-Daria vers la citadelle occidentale de l’Afghanistan ? Et qu’aurait-elle à craindre ? Ce ne serait certes pas la débile armée persane, tenue en respect par le moindre corps d’observation, ou mieux, neutralisée d’avance par le cabinet de Saint-Pétersbourg. Ce ne seraient pas davantage les tribus nomades qui campent le long des cours d’eau dans le steppe immense