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2,260 mètres d’altitude, au point de jonction de la route du Gomul, et arrive à Ghazni.

Ghazni, située à environ 360 kilomètres de Candahar et à 150 kilomètres de Caboul, est une place très importante par sa situation, par ses défenses et par le renom dont elle jouit chez les Afghans. C’est la citadelle la plus forte de tout l’Afghanistan ; elle protège Caboul contre les attaques d’un ennemi venant de la vallée du Gomul ou de celle de Tarnak, et est maîtresse de toutes les communications entre le nord et le sud du pays.

La position astronomique de Ghazni est 66° longitude est, 33°, 30’ environ latitude nord ; son altitude, qui est de 2,350 mètres (à peu près la même que celle de l’hospice du mont Saint-Bernard), en fait une des villes les plus froides de l’Asie centrale.

Ghazni était, il y a deux siècles, la capitale du vaste empire fondé par Mahmoud, et, pendant une centaine d’années, elle fut une des cités les plus grandes et les plus riches de l’Orient. Bien que déchue aujourd’hui de sa splendeur passée, elle n’en est pas moins restée pour les peuples mahométans une ville sainte, et plusieurs de ses édifices sont toujours l’objet de la profonde vénération des croyants. La tombe du sultan Mahmoud y existe encore, et avant 1839 on y voyait les portes de bois de sandal que ce conquérant avait enlevées au temple hindou de Somnauth, dans le Gudjerate, comme trophée de sa dernière guerre dans l’Hindoustan.

Lorsque le général Nott se retira de Caboul par Ghazni, il enleva, sur l’ordre de lord Ellenborough la massue suspendue à la tombe de Mahmoud et les portes du Somnauth, et cette action, considérée comme un sacrilège, ne put qu’attirer sur lui la haine et la vengeance des habitants du pays.

La citadelle de Ghazni, réputée imprenable, ne tomba au pouvoir des Anglais en 1839 qu’après un siège en règle, long et pénible. À cette époque la ville renfermait encore un grand nombre de palais et de riches habitations ; une brigade de cavalerie toute entière pouvait y trouver ses cantonnements. Assiégée une seconde fois en 1842, Ghazni ne fut enlevée par l’ennemi qu’après une vigoureuse défense ; elle paya cher alors les souffrances qu’avaient endurées dans ses casemates les malheureux prisonniers que les Afghans avaient faits au 37e régiment d’infanterie de l’armée des Indes. Toute la garnison fut passée par les armes et l’armée anglaise n’abandonna Ghazni qu’après l’avoir transformée en un monceau de ruines.

La malheureuse cité n’était cependant pas morte encore, et de nouvelles constructions s’élevèrent bientôt sur les débris de la vieille Ghazni ; Dost-Mohamed répara la citadelle et releva les remparts