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sont placés au centre, au point de jonction des quatre principales rues. Les maisons sont bâties en briques rouges ; leurs toits en terrasse sont surmontés d’une sorte de dôme.

L’aspect général de la cité n’a rien d’imposant ; c’est plutôt une réunion de plusieurs grands villages qu’une ville proprement dite. Elle n’a pas de rues praticables pour les voitures et ne renferme aucun monument remarquable, sauf le tombeau d’Ahmed-Schah.

Candahar est entourée d’un épais rempart en terre de 25 pieds de haut, en bon état de conservation, avec un fossé. C’est une place forte assez solide par elle-même, mais elle peut être facilement privée d’eau, et, en outre, elle est dominée à petite distance par un cercle de hauteurs qui ne lui permettraient pas de tenir longtemps sous le feu de l’ennemi.

Sa position sur la grande route commerciale et militaire de la Perse vers l’Inde lui a donné de tout temps une importance considérable. Ruinée et détruite à plusieurs reprises par des invasions étrangères, elle s’est toujours relevée sur le même emplacement ou sur un emplacement très-voisin de l’ancien.

Les historiens font remonter l’origine de cette cité jusqu’à Alexandre le Grand, qui l’aurait fondée l’an 330 avant l’ère chrétienne, et les Afghans eux-mêmes tiennent cette tradition en grand honneur.

Selon M. Vivien de Saint-Martin, c’est du nom « d’Alexandria ou Alexandropolis, qu’elle dut à son fondateur, que s’est formé par la prononciation orientale (Iskander, Secander) le nom de Candahar. » On pourrait aussi le faire dériver de Kand, qui veut dire forteresse, Candahar étant la place la plus importante située sur la frontière persane, pendant la durée de l’empire mongol.

La ville de Candahar a déjà été occupée par les forces britanniques de 1839 à 1842. En 1878 les troupes anglaises s’y sont installées facilement et y ont été accueillies par les habitants avec une sorte d’indifférence. Les correspondants anglais nous disent, en effet, que, lors de l’entrée du général Stewart à la tête de sa division, la population s’était amassée sur son passage pour voir défiler les vainqueurs ; les femmes les regardaient du haut des balcons ; les boutiques étaient fermées, mais les seuls sentiments que l’on pouvait lire sur la physionomie des habitants étaient la curiosité et l’étonnement plutôt que la colère ou le chagrin.

Candahar est une magnifique position stratégique qui commande l’entrée de toutes les routes pénétrant dans le Pendjab et le Sindh par leur frontière occidentale, et qui permettrait, le cas échéant, de prévenir un ennemi qui voudrait s’établir à Hérat, cette « clef de l’Inde ».