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La marche des Anglais dans le Kurum, en 1878, a été rapide et brillante. Le 21 novembre, à trois heures du matin, la colonne du général Roberts, forte d’environ 6,000 hommes, franchissant la frontière, traversait la rivière devant Thall et se portait rapidement sur Ah-Meshana. Le 26, l’avant-garde atteignait Bogsaï, et, le 27, le fort Mohamed-Azim, abandonné par ses défenseurs, tombait entre les mains de l’armée anglo-indienne. Arrêté un instant dans sa marche en avant par les troupes afghanes réunies au Peïwar, le général Roberts réussissait cependant à s’emparer de cette position dans la nuit du 1er au 2 décembre, en la tournant par le Spin-Ghori-Rud, et enlevait 18 canons à l’ennemi. Le 6, les Anglais étaient à Ali-Khel, et, le 9, les éclaireurs reconnaissaient les passes du Schuiurgan. Après cette démonstration, le général Roberts à ramené sa division au fort du Kurum, où sont établis ses quartiers d’hiver.

La rapidité même de cette marche a fait que la sécurité de la colonne et de ses communications n’a pu être assurée d’une manière suffisante. Il est impossible aux soldats de s’éloigner de leurs campements sans courir le risque d’être assassinés ; les conducteurs des convois, les gens à la suite de l’armée sont massacrés s’ils ne marchent sous la protection de forces relativement considérables ; à chaque instant les communications avec le bas de la vallée sont complétement interrompues ; plusieurs villages dont les habitants s’étaient montrés favorables aux Anglais ont déjà été brûlés, et l’impunité dans laquelle on est obligé de laisser les montagnards, par suite de la faiblesse numérique du corps expéditionnaire, ne peut que les encourager encore à continuer avec plus d’audace leurs meurtres et leurs dévastations.

C. — ROUTE DE L’INDUS À GHAZNI PAR LE GOMUL.

La troisième voie de communication reliant l’Inde avec le centre de l’Afghanistan est celle de la vallée du Gomul, qui, traversant les monts Soleïman vers 32° 10’ lat. N., entre les deux massifs de Kunde et de Takhti-Soleïman, relie la vallée de Sindh à Ghazni, Caboul et Candahar.

Cette route ne présente peut-être pas des défenses naturelles aussi formidables et des obstacles d’un genre aussi grandiose que ceux qu’on rencontre sur la route de Peschawar à Caboul ou sur celle de la vallée du Kurum, mais dans la région des hauts plateaux, c’est-à-dire pendant la plus grande partie de son parcours, elle traverse un pays presque désert où le fourrage, l’eau et la nourriture font souvent défaut. Dans ces régions élevées, l’hiver est long et d’une grande rigueur, et pendant un tiers de l’année les passages devien-