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Bannu, Bunnoo ou Edwardesabad est située sur le Kurum, à quelques kilomètres de la frontière afghane et à 150 kilomètres sud-sud-ouest de Peschawar ; sa position astronomique est 33° latitude nord et 68°, 20’ longitude est. C’est une ville de 4,000 à 5,000 habitants et une des principales garnisons du Pendjab ; elle est reliée, par une bonne route de 90 kilomètres environ, à Isackhel, station importante bâtie sur les bords de l’Indus.

Bannu est une place forte, et les Anglais lui ont donné le nom d’Edwardesabad, en mémoire du major Edwards, qui y a exécuté de remarquables travaux de défense.

Les environs de Bannu sont fertiles, bien cultivés et offriraient de nombreuses ressources de toute nature à un corps d’armée qui y serait cantonné.

L’origine de Bannu remonte à une haute antiquité. « Cette ville est citée, dès le IVe siècle, dans la Relation chinoise de Fahian, et depuis, dans l’Histoire des campagnes de Timour et de Baber, comme se trouvant sur une des grandes voies de communication entre le pays de Ghazni et les plaines du Sindh[1]. »

De Bannu, une route en bon état se dirige sur Thall, en remontant la vallée du Kurum. À quelques kilomètres au nord-ouest de Bannu, cette route rencontre un petit fortin appelé Avant-poste de Kurum (Kurum out-post) ; elle traverse ensuite, pendant une trentaine de kilomètres, le district de Vaziris, dont les tribus à peu près indépendantes sont placées sous l’autorité nominale de l’émir de Caboul, passe à Ziram, Lucannu, et, laissant Billana sur la gauche, arrive à Thall. De Bannu à Thall, on compte près de 64 kilomètres.

Thall ou Thull est située sur le territoire anglais, au confluent de la rivière du Kurum avec le petit cours d’eau de Nuriab ; c’est le point de concentration indiqué de toute force anglo-indienne se disposant à remonter la vallée de Kurum et venant soit de Kohat, soit de Bannu, soit de ces deux villes.

En dehors de son importance stratégique, Thall ne semble pas offrir par elle-même de grandes ressources pour la réunion d’une troupe nombreuse. Sir Herbert Edwardes décrit ce pays comme un désert, pouvant être seulement habité par des sauvages ; le docteur Bellew, qui y a fait une halte dans son voyage à Ghazni en 1857, avec la mission Lumsden, dit qu’on y trouverait difficilement un terrain propre à l’établissement d’un camp quelque peu considérable.

  1. M. Vivien de Saint Martin.